Monologue dramatique écrit et interprété par Stéphanie Mathieu dans une mise en scène de Xavier Lemaire.
On ne pourra pas dire que Stéphanie Mathieu ne connaît pas son sujet. Pour gagner sa vie, cette danseuse et actrice est en effet devenue modèle et a accepté de poser pour des peintres ou des ateliers artistiques. Sous le ton de la conversation, cette bavarde enjouée conte les longues heures où elle est restée figée sur une estrade, observée sous toutes les coutures par les regards de ceux qui allaient fixer sur le papier sa plastique. Stéphanie a la voix douce, un peu gouailleuse mais sans aucune pointe de vulgarité. Elle attire d'emblée la sympathie et ne cherche jamais ni à se faire plaindre ni à se faire admirer. Elle dit sa vérité avec des accents de fantaisie et des accès de mélancolie, fait comprendre ce qu'elle a été et comment elle était perçue. On la sent attentive aux autres, elle qui a été tant scrutée sous toutes les coutures. Dans sa mise en scène, Xavier Lemaire s'est mis à l'unisson de cette vie à la fois trépidante et monotone. Alors, Stéphanie se déshabille, se rhabille, part à droite, va à gauche, se cambre et se plie. Elle parle dans l'action. Ce "modèle vivant" est plein de vigueur et d'entrain. On la contemple sans arrière-pensées. Elle est belle même dans ses imperfections. De son corps nu se dégage le plaisir d'être, la rectitude d'une femme qui paie de sa souffrance, de ses courbatures, le salaire de la beauté saisie par un artiste. Si elle bavarde beaucoup, elle n'accumule pas pour autant les anecdotes et ne dit rien de ce qu'elle est devenue sous le pinceau ou le fusain de celui qui la peint ou la dessine. Ecrit sous forme de journal, "Modèle Vivant" décrit cliniquement un métier qu'on n'imagine pas forcément être un métier. On espère qu'avec le succès qu'elle mérite et devrait logiquement obtenir, Stéphanie Mathieu n'ait plus à poser désormais que pour ses nombreux spectateurs. |