Comédie dramatique de Johan Wolfgang Goethe, mise en scène de Ronan Rivière, avec Aymeline Alix, Laura Chetrit, Romain Dutheil ou Anthony Audoux, Ronan Rivière, Jérôme Rodriguez (en alternance Olivier Lugo) et Jean-Benoît Terral.

"Faust" est sans conteste l'oeuvre la plus célèbre du romantisme allemand et l'histoire de ce savant qui vend son âme au diable pour retrouver sa jeunesse n'a cessé d'être déclinée par la littérature, l'opéra et le cinéma.

Dans son projet, Ronan Rivière a voulu réduire la pièce de Goethe pour qu'elle soit jouable avec des moyens limités. Moins de personnages donc, des effets "spéciaux" centrés sur les lumières créées par Fantôme et beaucoup moins de lieux traversés par Faust (Jean-Benoît Terrail) et Méphistophélès (Ronan Rivière).

Dès lors, le drame romantique perd de sa démesure et prend corps autour de la relation entre Faust jeune (Romain Dutheil ou Anthony Audoux) et Marguerite (Laura Chetrit), la jeune femme qu'il séduit. On pourrait dire que "Faust" passe du drame au mélodrame.

Dans cette version, qui s'appuie sur la belle traduction de Gérard de Nerval, les puristes devraient regretter aussi que la dimension religieuse soit passée à la trappe. Ici, Méphisto est habillé dans une magnifique tenue rouge conçue, comme tous les autres costumes, par Corinne Rossi qui en fait une espèce de "grand Petit Prince" plutôt qu'un ange déchu.

Etre condamné à l'enfer par ce jeune homme sympathique ne paraît pas une peine terrible et fait perdre au texte toute sa force métaphysique. Ce n'est plus l'affrontement d'un vieux savant doutant de sa science et cédant aux sirènes de la gloire perdue et de la jeunesse évanouie, mais presque un fait divers que l'on suit dans une mise en scène brillante et dans un décor astucieux de grand escalier à roulettes modulable d'Antoine Milian.

Même la musique de Léon Bailly n'a pas les accents "Sturm und Drang" attendus. Pas de tempête apocalyptique à attendre, pas de cris désespérés déchirant la nuit, ce "Faust" très propre a le mérite de débroussailler l'oeuvre de Goethe mais l'inconvénient d'en réduire l'intérêt.

Ceux qui feront fi du "Faust" original et ne s'attacheront qu'au sens de la narration de Ronan Rivière et à sa capacité de bâtir un spectacle cohérent et rythmé devraient passer néanmoins une excellente soirée.