Réalisé par Marco Bellocchio. Italie/France. Drame. 2h10 (Sortie le 28 décembre 2016). Avec Valerio Mastandrea, Bérénice Bejo, Guido Caprino, Nicolò Cabras, Dario Dal Pero, Barbara Ronchi, Emmanuelle Devos et Miriam Leone.
Il y a quelques mois, on a pu revoir le premier film de Marco Bellocchio, "Les poings dans les poches". Cinquante années sont passées depuis qu'émergeait ce cinéma plein de fougue et de jeunesse, illuminé par la beauté étrange de Lou Castel, mais l'énergie de Bellocchio est demeurée intacte.
C'est donc avec un bonheur absolue qu'on va suivre la vie douloureuse d'un journaliste sportif, de sa petite enfance à sa belle maturité. De ce récit riche et complexe de Massimo Gramellini, le cinéaste se plaît à tirer en toute liberté tous les fils utiles, à commencer par ceux de la petite enfance et de son drame fondateur.
"Fais de beaux rêves" de Marco Bellocchio est l'une de ses plus belles réussites. On y ressent toute l'aisance d'un grand formaliste, capable de passer d'une scène quasi silencieuse à Sarajevo à la lecture d'une longue lettre genre "courrier du coeur".
On y tutoie des sommets d'émotion en évoquant les footballeurs morts en avion du grand Torino, on y retrouve l'esprit Dolce Vita dans une danse endiablée qui permet à Bérénice Béjo d'être à son meilleur.
On y croise des personnages flamboyants, comme ce condottière moderne au destin de héros romain ; on y retrouve le fantôme du Louvre, celui qui a fait faire des cauchemars à tous les quinquagénaires nés à l'aube des années 1960...
Eh oui ! C'est Bellocchio, le maître italien, qui ressuscite Belphégor. On aura même le loisir d'apercevoir Juliette Gréco dans son ultime saut en ange maléfique.
Mais l'essentiel de "Fais de beaux rêves" de Marco Bellocchio, dans ce tumulte d'images qui prouve une fois encore que le cinéma vaut toutes les séries du monde, est l'histoire d'un petit enfant orphelin à la recherche de sa mère morte et des circonstances terribles de sa soudaine disparition, un soir de match du Torino.
Ici, le stade est proche et le football sera roi dans la vie de Massimo, interprété magistralement par Valerio Mastandrea, enfin en pointe dans un grand film.
Si, on ne conseillera pas "Fais de beaux rêves" de Marco Bellocchio aux supporters de la Juventus qui devraient détester toutes les scènes où le père emmène Massimo voir jouer le "Toro", on le recommandera à tous les autres.
Comme tous les grands films qui laissent pantois par leur construction, leur liberté de ton, la richesse infinie de leur contenu, "Fais de beaux rêves" ne donnera pas forcément de bons articles puisque l'évidence d'être devant une œuvre admirable n'est pas propice aux exercices de style.
On se contentera donc de répéter qu'on a plus qu'aimer ce film qui restera avec "Le Sourire de ma mère" et "Sangue del mio sangue" l'un des sommets cinématographiques d'un des grands maîtres de cet art. |