Spectacle-conférence écrit et interprété par Yves Marc. Tout surprend dans le spectacle d’Yves Marc, "Ce corps qui parle", tant sur le fond que sur la forme. Cet amoureux du geste et du corps, co-fondateur avec Claire Heggen en 1975 de la Compagnie du Théâtre du Mouvement, s’est fait maître dans l’art du mime et de l’expression corporelle contemporaine. On se serait donc attendu de la part de ce comédien expérimenté et ancien élève d’Etienne Decroux, à une démonstration poétique de son propos, un long dialogue silencieux entre son corps et son public. Que nenni. Yves Marc nous embarque pour 1h15 d’une conférence-spectacle facétieuse et documentée, faits scientifiques et études basées sur la PNL et la synergologie à l’appui, à propos de ce que le corps exprime souvent malgré nous, par notre posture, attitude, expression du visage, démarche et autres micro-démangeaisons involontaires. On y apprend donc que le passé tourne notre regard à gauche et le futur à droite, que le rentré du coup en exprime plus que notre faciès (masques de mime et jeu de louche à l’appui) que Bambi clignait beaucoup plus des yeux que Marilyn, que les singes ont comme nous des neurones miroirs et mille et une autres informations et anecdotes tirées de ses lectures et de son expérience d’acteur mais également de professeur. Variant sans cesse les intonations et les points de vue, tour à tour docte conférencier, professionnel averti ou show-man espiègle croquant de la manière la plus bienveillante qu’il soit son public, Yves Marc n’hésite pas à illustrer ses propos par des démonstrations éloquentes. Il incarne ainsi tour à tour Tati puis Chaplin avant de nous mimer un à un les différents tocs de la salle. Véritable jeu de miroir avec le public, d’ailleurs éclairé tout au long du spectacle, Ce corps qui parle nous renvoie à nous même, étanche les soifs d’apprendre plus que les désirs de se divertir et propose une nouvelle grille d’analyse permettant à tout un chacun de penser différemment son rapport au corps. Le final voit enfin le silence se faire pour laisser la parole au corps, dans un baissé de rideau adroit et poétique. |