Les Trois Baudets
(Paris) mercredi 11 janvier 2017
Les Trois Baudets, c’est toujours un peu pareil, ça commence à quinze dans la salle, et ça finit complet avec plus de place nulle part sauf derrière les poteaux. Les gens sont étranges, ils vont dans une salle de découverte de chansons françaises et ne veulent pas découvrir, c’est un peu comme aller au restaurant chinois et commander une pizza, je ne comprends pas, mais ce n’est pas le propos ici, je ne suis pas François Simon.
Dans une salle clairsemée donc, pour ouvrir cette soirée, en antipasti Skyers duo cœur d’artichaut mené par Julien Cortes, deux guitares, une électrique une acoustique & une boîte à rythme. Avec des compositions en anglais, mêlant l’indie rock un peu surannée et une pop parfois planante, on se laisse très vite embarquer par la voix en douceur et retenue de Julien parfois parfaitement soulignée par les chœurs de son complice. Et si malheureusement de temps à autre la boîte à rythme et les boucles sont trop présentes, en avant, donnant un côté un peu militaire et froid aux chansons, les compositions en restent de très haute tenue allant parfois jusqu’à rappeler Gravenhurst dans le mélange d’énergie et de délicatesse, mélange qu’on retrouve totalement sur leur premier album que nous vous conseillons fortement.
Setlist : "The Wall" / "Kristin" / "Montain Of Sound" / "Get In the car" / "Five hundred night" / "Cold Blooded OId Times (Reprise Smoog)" / "On Your Own"
Pour continuer nous allons passer par les quatre saisons d’Orouni. Dans une nouvelle formule à 5, avec Emma Broughton au chant et à la flûte, Raphael Thyss aux claviers et à la trompette, Raphaël Léger à la batterie et Moufla Schputzen à la basse.
Le set mêle des chansons de son album Grand Tour et de celui à paraître en 2017. L’arrivée d’Emma donne une tournure plus Belle & Sebastian que jamais aux compositions, la flûte, les chœurs doux apportent encore plus de profondeur, c’est ample, sensible et enlevé sans jamais tomber dans la sensiblerie, c’est fin, léché et cultivé. Comme le sont les drôles d’interventions d’Ourouni entre les morceaux d’ailleurs puisque nous aurons droit à un petit cours d’étymologie, à des souvenirs de radio et de voyages (Berlin, Saïda, la Finlande), une ôde aux mamans et à la jeunesse (ce qui n’est pas incompatible).
Si la douceur domine, ils savent aussi lorgner du côté de la pop sixties à base de chœurs qui font "wou wou", dans les moments marquants nous retiendrons également Emma chantant seulement accompagner d’une guitare et de la trompette une chanson sur les femmes, avec sa gestuelle douce et délicate elle réussit à nous transporter dans un morceau qui a déjà tout d’un futur classique. C’est impossible de ne pas être touché par les compositions, par les textes, car même s’ils sont en anglais on comprend bien souvent ce dont il est question. C’est donc avec une grande hâte que nous attendons l’album à venir.
Setlist : The Lives Of Elevators / Uca Pugilator / The Sea Castle / In The Service Of Beauty / Firearms / No Features / Nora / Makeshift Fans / Wild Geese And Cigars
Et c’est donc dans une salle pleine qu’arrive pour conclure June And The Jones, trio parisien où deux frères, un à la guitare, l'autre aux machines (et à la guitare aussi) font chanter leur soeur, et comme des tranches d’ananas sur une pizza, ils ont la drôle d’idée de mélanger Morcheeba et Dire Straits, c’est-à-dire trip-hop, voix soul et solo de guitare. Parfois assez froid dans les arrangements pourtant au service de la voix chaude de June, les compositions sont évidentes et accrocheuses. Compositions en anglais également car je vous rappelle que nous sommes dans une salle de découverte de chansons françaises. Ils présentent les morceaux d’un futur EP à paraître Many Times.
Partant dans beaucoup de directions, electro, funk Princien, piano voix, slow langoureux comme dans les années cinquante et même un peu de disco, c’est assez original même si parfois un peu trop appliqué, et servant la même recette calibrée : début doux, effets de voix, petit choeur, passage rythmé, solo de guitare... C’est souvent dansant, toujours farouchement efficace, parfois touchant notamment lors du rappel où juste le piano se met au service de la voix qui montre sa puissance et ses capacités, avec une mélodie encore une fois accrocheuse et avec une vraie émotion et enfin un peu de simplicité. C’est plaisant et bien fait et à voir le plaisir qu’ils prennent sur scène et l’accueil extrêmement chaleureux du public, on ne peut pas bouder son plaisir et leur promettre le succès.
# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
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