Solo musico-burlesque conçu et interprété par Xavier Ferran dans une mise en scène de Sylvain Nova.
C'est dans l'univers des grands burlesques que Xavier Ferran, alias Philibert Topaze, emmène son spectateur qui s'attendait sans doute à voir un disciple de Jean-Paul Farré jongler habilement avec les touches blanches et noires de son accordéon du riche.
Si l'artiste déjanté annonce, alors qu'on ne sait pas encore à quoi s'en tenir sur sa performance musicale, qu'il va interpréter la "Sérénade" de Schubert, il lui faudra le temps d'un non-concert mémorable pour parvenir finalement à ses fins.
Tout commence ainsi par un piano récalcitrant et par un pianiste triste comme Buster Keaton quand il accompagne Charlie Chaplin dans "les Feux de la rampe" et doué de la déraison du clown Grock quand il préfère avancer son piano vers son tabouret que le contraire.
Tout finira, on peut le révéler, par l'interprétation de l'oeuvre annoncée dans des conditions qu'on ne peut, elles, révéler.
Entre les deux, Xavier Ferran aura convoqué sans se forcer tous les rois impavides du rire burlesque de Chico Marx à Pierre Etaix, de Laurel et Hardy à Jacques Tati. On dit bien "sans se forcer", car souvent ce genre de spectacles tourne à l'exercice théorique de style. Ce ne sera jamais le cas de cet élégant pince-sans-rire qui aura pour lui une arme fatale, elle aussi très compliquée à manier : la poésie.
Une poésie aussi déconstruite que le piano, bien entendu. Une poésie qui jaillit autant que les gags de manière inattendue et surtout pas programmée à heure fixe. S'il arrive bien des bricoles au piano de Xavier Ferran, il n'est jamais bêtement mécanique, même s'il aurait pu faire un petit séjour dans un saloon d'antan.
Pouvant fédérer tous les publics, du moment qu'ils ne sont pas rétifs à un spectacle qui préfère la douce folie complète aux effets faciles des métronomes du rire, "Sérénade pour pianiste inachevé" de Xavier Ferran est à consommer frais et gaillard. |