Le spectateur qui écume les concerts le sait, il existe deux façons de fumer sa cigarette lors d'un concert. Oui, deux, et pas une de plus.
Première méthode : Attendre LA chanson tant convoitée, celle qui vous obsède depuis trois nuits déjà, la désirer ardemment et la vouloir sienne. En entendre les premières notes et sortir votre cigarette du paquet, pas trop vite. Sensuellement la porter à votre bouche et profiter de l'instant à la manière d'un dandy.
Deuxième méthode : Subir une première partie sans grand intérêt et souhaiter la fin du monde pour échapper à la tiédeur d'un concert dépourvu d'âme, et plus grave, de chansons pertinentes. Sortir nonchalamment une cigarette et attendre que la douleur passe.
Mercredi 15 juin au Nouveau Casino, Cattleya nous a permis de tester la deuxième méthode.
Première partie de The Film, la bande propose un subtil mélange entre mauvais goût et compositions décomposées.
Emmenée par une chanteuse aux poses grandiloquentes tout droit sorties du cours Florent, Cattleya séduit les plus jeunes teenagers mais permet heureusement aux autres de s'offrir une bière salvatrice face à tant de fausses notes réunies en un même lieu.
N'est pas PJ Harvey qui veut. L'impression personnelle et forcément subjective qu'une première partie est souvent inutile se confirme.
Le tsunami cattleya passé, place donc à The Film, groupe bordelais vu il y a quelques mois en première partie de Ghinzu, et de manière plus cathodique dans une publicité Peugeot avec le célèbre single "Can you touch me".
L'oreille avisée et la pupille dilatée, le spectateur se demande perplexe si The Film est un one shot ou un groupe fait pour durer.
Et le résultat est somme toute agréable, se déguste et se digère facilement.

Très dandy dans le style et très british dans le texte, The Film propose une bande son originale, portée par une poignée de chansons entraînantes ("Dsl blues", "Death song", "Top of the hopes") du meilleur effet.
Jusqu'à l'attaque du fameux "Can you touch me", incontournable hit de ce premier album. Sexy sans excès, le titre est un succès, forcément, tout en étant l'arbre qui cache la forêt sur quelques titres dispensables. Une chanson très rubbersoul ("Hey my lovely girl") et quelques pépites dynamiques plus tard, on peine à croire que The Film vient de l'hexagone.

Saxophone hélas sous mixé, les chansons de Guillaume Briere et Benjamin Lebeau s'enchaînent facilement.
Rock psyché, certes peu original, mais entraînant pour un public sous le charme, qui en redemande pour un rappel cousu de fil blanc ("Can you touch me" joué deux fois tout de même !).
Difficile de dire aujourd'hui si The Film aura une suite, il se lit en tout cas sans sous titres. |