Comédie dramatique d'après une trame de Stéphane Guérin et de la Compagnie le Petit Théâtre de Pain, mis een scène de Georges Bigot, avec Mariya Aneva, Cathy Coffignal, Eric Destout, Ximun Fuchs, Hélène Hervé, Guillaume Méziat, Fafiole Palassio, Jérôme Petitjean et Tof Sanchez.
9 jurés débattent. L'affaire semble entendue, le coupable était bien l'accusé et chacun s'apprête à rentrer chez soi après plusieurs jours passés au tribunal...
Mais, au dernier moment, une voix discordante rompt la belle unanimité : elle a des doutes. Il va donc falloir entamer de longues discussions pour la convaincre... ou qu'elle fasse partager ses réserves.
Enième adaptation de "12 hommes en colère", pièce de Reginald Rose de 1953, devenu un célèbre film de Sidney Lumet en 1957, "9" en suit sans surprise la trame : un à un, les 8 jurés convaincus de la culpabilité du prévenu vont se "retourner" pour, au final, l'acquitter.
Ecrite en plein maccarthysme, la pièce de Reginald Rose est centrée sur l'affaire et sur l'opposition du juré "dissident" et des autres prêts à condamner un innocent. Dans le film, c'est le grand Henry Fonda, l'une des pièces maîtresses du cinéma hollywoodien, qui joue ce rôle et l'on comprend qu'une fois de plus, il incarne l'Amérique démocratique face aux forces obscures de la bêtise et de la démagogie.
Evidemment, dans "9", Stéphane Guérin n'a pas cette ambition et, sans y mettre aucune connotation péjorative, on peut écrire qu'il a avant tout pour but de distraire son public.
Le coupable idéal est ici Karim, un jeune comorien qui massacre sa famille d'accueil. On aurait pu penser que Stéphane Guérin distribuerait alors ses jurés entre "racistes" et "non-racistes".
Il y en a quelques velléités, mais, en fin de compte, les questions politiques ou morales ne sont pas déterminantes dans les choix des uns et des autres. En fait, l'auteur préfère que chacun se raconte et c'est à partir des récits des uns et des autres que l'on comprend et que l'on peut accepter leur "retournement".
Ayant choisi une scène tri-frontal, les metteurs en scène, Max Fuchs et Georges Bigot, ont voulu et réussi à instaurer une grande proximité entre les spectateurs et les acteurs. Ceux-ci déplacent périodiquement les deux tables qui, accolées, forment la grande où l'on débat.
Contrairement à la logique judiciaire française, le président et ses assesseurs ont été supprimés et l'unanimité rendue obligatoire. C'est ainsi hors de tout réalisme que les neufs jurés rejouent le procès et l'enquête policière qui comportaient visiblement beaucoup de failles.
On pourra trouver la résolution de l'affaire un peu tirée par les cheveux, mais l'ensemble fonctionne grâce à neuf comédiens convaincus qui savent se transcender - et jouer chacun d'un instrument de musique - pour apporter de la consistance à des personnages bien schématiques.
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