Réalisé par Fiona Gordon et Dominique Abel . Belgique/France. Comédie. 1h23 (Sortie le 8 mars 2017). Avec Fiona Gordon, Dominique Abel, Emmanuelle Riva, Pierre Richard, David Palatino, Frédéric Meert, Philippe Martz et Olivier Parenty.
Depuis une trentaine d'années, le belge Dominique Abel et la canadienne Fiona Gordon ont créé ensemble des spectacles et tourné des films pas communs du tout.
D'abord sur scène, puis désormais presque uniquement sur les écrans, ils ont, selon l'expression consacrée, bâti un "univers bien à eux et à nul autre pareil ".
Ceux qui ont vu leurs films les plus connus, "L'Iceberg " (2005) et "Rumba " (2008), en sont déjà convaincus, ceux qui les découvriront avec "Paris pieds nus " n'auront besoin que du temps d'un plan pour s'en convaincre...
Et quel plan ! Puisqu'il s'agit d'une entrée d'une factrice dans un bureau du Grand Nord par temps de forte neige. On n'en dira pas plus, mais le ton est donné et l'arrivée à Paris de Fiona Gordon, moderne Olive Oil, entravée dans son sac à dos canadien n'arrangera rien.
Presque muet, imprégné du burlesque américain et du surréalisme belge, le cinéma de Dominique Abel et de Fiona Gordon est un évident héritier de celui de Tati et de Pierre Étaix.
Qu'on ne s'attende pas toujours à rire, ni à acquiescer à tous les gags, "Paris pieds nus " d'Abel et Gordon conte la rencontre d'un clochard des bords de Seine et d'une touriste canadienne à la recherche de sa vieille tante Martha.
A l'exception des scènes dans le métro, "Paris pieds nus ", se polarise sur les quais de Seine au niveau du 15e arrondissement et de la version miniature de la Statue de la Liberté. On aura ainsi le droit à une scène d'anthologie, à quelques dizaines de mètre de là, sur la Tour Eiffel, qu'on définira comme un hommage à Harold Lloyd.
Si l'on peut reprocher au couple de céder parfois à des gags éculés, référence à leurs grands maîtres, l'ensemble est plutôt créatif et on leur saura gré d'avoir donné à Emmanuelle Riva l'un de ses derniers rôles.
Espiègle, pince-sans-rire, elle joue très dignement les vieilles dames très ou trop indignes, prête à rêver avec Abel et Gordon assis à califourchon les pieds nus dans le vide sur une des structures métalliques de la Tour Eiffel.
"Paris Pieds Nus " d'Abel et Gordon est un hymne au parisien lunaire qui sommeille en chaque spectateur, francilien ou pas. Garantie d'une grande fraîcheur, naïf dans le bon sens du terme, ce film pas banal ne se veut pas original à tout prix. Il ne déploie pas l'étendard de la poésie mais sait l'insuffler à bon escient.
Cet objet filmique non identifié rend gentiment heureux. |