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Ciné 13 Théâtre  (Paris)  mars 2017

Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Eugène Ionesco, mise en scène de Julie Duchaussoy, avec Lucie Boissonneau, Denis Boyer, Yoan Charles, Clémentine Desgranges, Mathilde Monjanel et Karen Rencurel.

Parmi les pièces d'Eugène Ionesco, "Le Roi se meurt" fait souvent figure de vilain petit canard. Moins absurde que les autres, plus classique de facture, elle est écrite dans un langage beaucoup moins désarticulé que "Les Chaises".

Son thème, la mort, et la manière de l'aborder par le personnage du roi Bérenger Ier, rapproche Ionesco des auteurs "existentialistes" dont les idées dominaient dans les années 1950 et dans la première moitié des années 1960.

Dès lors, peut-on lui trouver une "modernité" ? C'est ce que semble affirmer Julie Duchaussoy dans son adaptation, qui sans vouloir faire ombrage à Michel Bouquet qui interprète encore le roi Bérenger à 90 ans, fait jouer le rôle par un trentenaire.

Ce n'est donc pas un roi fatigué, épuisé moralement, politiquement et physiquement qui doit, selon l'annonce liminaire du Garde (Karen Rencurel) "mourir en une heure et demie", mais un jeune homme, frêle et naïf (Yoan Charles), encore plein de sang, qui ressent le mauvais sort qui le frappe avec sans doute plus d'effarement qu'un vieux monsieur ayant déjà vécu plus d'une vie.

Ainsi perçu, "Le Roi se meurt" respecte finalement la pensée d'Eugène Ionesco, qui avait fait de Bérenger un personnage récurrent, réapparaissant dans "Rhinocéros" ou dans "Tueur sans gages" et qui ne désirant pas qu'il soit un éternel bourgeois s'est décidé, ici, à en faire un roi. Car, pour l'auteur de "La Cantatrice chauve", "Tout homme est un roi. L'univers lui appartient jusqu'à ce qu'il s'effondre".

Homme universel au destin inexorable dans un royaume en plein effondrement, Bérenger Ier se transforme tout au long de la pièce. Du refus de la mort à sa fatale acceptation, il est gagné par la peur, la colère, la résignation, la nostalgie de la vie qui le quitte. Abandonné par les siens, dépouillé de tous ses biens, il peut finalement mourir.

Dans son adaptation, Julie Duchaussoy n'a pas cherché les anachronismes et Bérenger Ier, même s'il pourrait à un moment être tenté par le hip-hop et le rap pour discourir, ne franchit pas le mur de l'anachronisme.

Faisant confiance aux mots dits, elle laisse les deux épouses du roi bigame, la reine Marie (Clémentine Desgranges) et la reine Marguerite (Lucie Boissonneau) aux prises avec les longues tirades imaginées pour elles par Ionesco.

Si l'on est impressionné par leur abattage, et particulièrement celui de Lucie Boissonneau dans l'ultime morceau de bravoure de la pièce, on pourra peut-être regretter que Julie Duchaussoy n'ait pas plus élaguée dans cette prose qui démontre que Ionesco est beaucoup moins convaincant dans le registre sérieux que dans la fantaisie pure.

Heureusement, "Le Roi se meurt" contient quelques passages ou personnages plus "ionesquiens", tel ce médecin-bourreau (Denis Boyer) ou Juliette (Mathilde Monjanel), femme à tout faire qui incarne le peuple et qui finit par n'en faire qu'à sa tête.

Evidemment "Le Roi se meurt" n'est pas "Ubu" et manque à la fois d'une radicalité sur la forme et d'une pensée transgressive sur le fond. Toutefois, Julie Duchaussoy réussit à faire fonctionner la pièce sans passer par le pathos inhérent au pléonasme de faire du roi un vieil homme qui s'agite aux portes de la mort, et sans succomber aux facilités du "jeunisme".

C'est avec un grand respect qu'elle redonne une belle énergie à une pièce qu'on verra désormais d'un autre œil.

 

Philippe Person         
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