Passé maître dans l'art du clair obscur, Bertrand Burgalat publie un album lumineux, avec ciel bleu comme l'azur et horizon dégagé : Portrait robot.
Fils illégitime de Michel Colombier, Burt Bacharach et Michel Polnareff, BB dérive sur les plages mélodiques les plus éloignées pour y pécher coquillages et crustacés ("Ripples", "Pleased me") au goût salé sucré.
Jamais amers, souvent géniaux et toujours pop, les titres s'enfilent comme autant de perles trafiquées au mixage. Loin des rivages commerciaux, Portrait Robot reste l'œuvre d'un artiste forcément humain, à la voix sensuelle et sensible. En l'espace de 19 titres, Burgalat l'artisan sonore parvient à redorer le blason de la Variété française en lettres d'or. Bel effort. Il est des albums dont les voies demeurent impénétrables. Et les voix pénétrantes. Il en est ainsi au royaume Tricatel, où le monarque Burgalat distille paroles et arrangements comme autant de trésors inestimables. Digne successeur de The Sssound of mmmusic, Portrait robot demeure après moult écoutes un objet aux contours intrigants.
Un étrange pays où guitares trémolos, piano bastringues et violons acidulés tirent leur révérence et sonnent l'aurore. Electro s'il le faut ("Demolition derby") ou tout simplement utopique ("Je suis seul dans ma chanson"), la créature du créateur est à la hauteur des espérances. Accouché à la maison, comme dans l'ancien temps, ce deuxième album est justement tout le portrait de son père, la frange et les idées dégagées. Soutenu par le compère Peter Von Poehl à la guitare, Burgalat manipule claviers et basses comme autant de marionnettes naïves et innocentes ("Spring isn't fair"). Le tout prend forme et tient debout, le marionnettiste étant déjà parti articuler d'autres pantins.
En attendant des jours meilleurs, l'avenir de la pop à la française est donc du coté de Tricatel. Un joli coin de ciel bleu dans un si terne paysage… |