Curling
(Chapter Two Records / Wagram Music) mars 2017
R.Wan, c’est le Sylvester Staline des Soviet Suprem et le chanteur de Java… Autant dire qu’il n’en est pas à son premier tour de chant. Et c’est justement (ou pas) parce que la mélopée le chatouille qu’il se lance dans un autre couplet de sa vie de troubadour chantant : Curling, espiègle et croustillant quatrième album solo.
Décontracté, R.Wan avance avec nonchalance dans le groove des mots, mais comment fait-il ? Pourrait-il éventuellement (on ne sait jamais) donner quelques tuyaux aux lourdauds du contrepet vaseux ? Parce qu’il cumule l’élégance de l’allitération verbale avec un swing électro, ajouté à la maîtrise parfaite de son muscle labial. Menaçant d’addiction tout auditeur consentant…
Sur du piano, sur du violon, avec des cordes et des basses, dans le phrasé syncopée et les ourlets electros, R.Wan chante, non il parle, ah si, je t’assure qu’il chante, moi je trouve qu’il parle… Entre conte slamé et souffle compté, il accroche les mots aux mélodies comme on décore une plante verte. Sa poésie contemporaine et ses mots sont à la fois cyniques et tendres, ils vous mordront l’oreille si par mégarde il vous prend l’envie de vous y pencher…
Allez, quelques titres juste pour le plaisir : zen et jouissif "Curling", ou comment ne pas s’en faire en ayant des idées saugrenues : "Dans ton monde les femmes sont exquises, elles glissent nues sur la banquise, elles balayent la matière grise, comme on curling".
Slam et oriental "Berbère" : "t’es ma berbère, je suis ton berbère, j’te kiffe, pour toi je déplacerai à l’orient les montagnes". Parce que sous des airs de franche gouaille, R.Wan laisse affleurer une sensibilité, le rendant à la fois sexy et attachant. Et ses déclarations ne se limitent pas à l’amour de la contemplation ou des femmes, il aime la chaloupée capitale, Padam la dadame.
Magique "Paris en bouteille", mi-comptine, mi-pamphlet pour la liberté, enregistré sans aucun instrument messieurs dames, uniquement avec des bouteilles. Ode à la ville des Lumières, celle à qui on peut crier son amour et son désespoir : "si Paris était en bouteille, je la boirai jusqu’à la lie, et ivre mort j’irai pisser tout en haut de la Tour Eiffel pour arroser ces touristes qui ont fait de ma ville une maquerelle, une michetonneuse dans le périph lui sert de couche de rimel".
Rimes, calembours, assonances accordées et détonantes dissonances, homonymies malicieuses et courses intrépides entre les accords, Curling me fait penser à ces garnements au grand cœur et à l’estocade prompte, l’œil pétillant et le rire facile. R.Wan est une sorte de polyglotte du ping-pong verbal, capable de transporter ses auditeurs dans les tréfonds d’un canapé glouton, de ceux qui font pousser la procrastination et synchronisent l’extravagance des idées folles avec la réalité.
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