"La chanson politique n’a rien à voir avec l’idée de chanson engagée, trop bête, trop limitée, trop restrictive dans la durée."
Voilà la nouvelle route tracée par Pascal Bouaziz avec ce nouvel album de Mendelson. C’est bel et bien un disque de chansons politiques qui sort en cette fin de mars. "Un album qui appuie sur les points douloureux, qui émeut mais n’aplatit pas, un album qui élève" selon Bouaziz. Mais aussi un album d’actualité totale, en ce moment de période électorale, d’échéance importante.
Les titres évidemment, parlent d’eux-mêmes, les textes aussi, on y reviendra. On y trouve les peuples, la nausée, la carrière, le capitalisme, la décence, la dette et bien d’autres, tous aussi évocateurs les uns que les autres. Ce disque est en plein dans son époque. Le disque brasse très large, "des frontistes moisis gras", "des dépenses somptuaires aux dépens des classes populaires", "des réfugiés et des CRS" mais aussi de "deux amoureux qui se shootent dans un parking".
Pour accompagner ses textes contestataires, Mendelson est allé puiser dans d’autres décennies, dans d’autres contextes et d’autres groupes, eux aussi contestataires. On y retrouve des chansons de Sonic Youth, Marvin Gaye, Bruce Springsteen, Lou Reed, Leonard Cohen, Alan Vega, David Crosby et plein d’autres.
L’idée, évidemment, n’est pas de traduire simplement en français les textes de ces artistes pour en refaire des reprises sans grand intérêt mais de poser sur leur musique des nouveaux textes, en français, en respectant le texte original de par son thème. "Le soulèvement", par exemple, est issu d’un titre de Springsteen, "The Ghost of Tom Joad", chanson qui à l’origine traitait de l’immigration mexicaine dans les années 90. Mendelson la reprend pour y poser ses pensées concernant les camps de réfugiés Roms dans notre Europe actuelle. "La nausée", c’est "Youth Against Fascism" des Sonic Youth, réactualisé pour nous dire tout le bien qu’il pense du Front national. "La décence", c’est "What Are Their Names" de David Crosby et "Les peuples" est une reprise de Leonard Cohen. On a, néanmoins parfois, beaucoup de mal à reconnaître les titres originaux.
Une fois de plus le groupe Mendelson, avec l’hyper actif Pascal Bouaziz, sort des sentiers battus avec ce formidable album de reprises. On le surprend à chanter quand souvent il parle, notamment sur le superbe titre "Les loisirs", reprise de The Jam. Les textes sont sublimes, comme toujours avec Mendelson, très longs aussi, très chocs souvent. La plume de Bouaziz est acerbe, réaliste et touchante. Elle décrit avec exactitude et de manière éclatante l’effrayante pesanteur du monde de 2017.
Fait original, une fois de plus, Pascal Bouaziz propose une douzaine de vidéos sous le nom "Extention(s) politique(s)" afin d’expliquer ses choix, ses inspirations intellectuelles et ses difficultés de traduction qui ont contribués à cet album. Chacune de ses vidéos est passionnante, Pascal Bouaziz est un pur génie.
Sciences politiques confirme tout le bien que je pense de Mendelson et de Pascal Bouaziz. Cet album, comme tous les albums du groupe est d’abord une démarche, celle de reprendre des titres issus d’un contexte social et politique ancien pour les ramener au nôtre actuel. Cet album est aussi une posture et un parti pris artistique, reprendre des titres en y changeant des textes parfois difficiles à traduire. C’est enfin, tout simplement, une formidable idée.
Mendelson est définitivement un groupe à part, qu’il faut absolument écouter, avant d’aller voter.
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