Réalisé par Cyril Mennegun. France. Drame. 1h20 (Sortie le 5 avril 2017). Avec c Alexandre Guansé, Corinne Masiero et Elisabeth Ventura .
La première chose qu'impose "La Consolation" de Cyril Mennegun est de taire ce qu'il raconte, de ne pas tenter de le résumer d'une manière ou d'une autre. En effet, on est devant ce qu'on osera appeler "un film minimaliste autarcique".
Pour son second film, Cyril Mennegun est aux antipodes de "Louise Wimmer". Ici, pas question de décrire le parcours d'un personnage, de l'inscrire dans une réalité sociale contemporaine, de dire quelque chose de la société. Pas question non plus d'une analyse psychologique, d'une étude de mœurs, d'une réflexion sur la vie et sur la mort.
Que celle-ci soit pourtant centrale n'est au fond qu'un prétexte douloureux pour esquisser un retour à l'enfance.
On dira simplement que le héros est musicien, plus précisément pianiste et concertiste et que la musique est partout présente. C'est peut-être elle, la superbe consolatrice qui explique le titre du film. A moins que celui-ci ne fasse référence à la femme qui reçoit le jeune pianiste dans sa maison hors le monde, hors la vie.
Là aussi, on est à l'antithèse de "Louise Wimmer" et c'est pourtant Corinne Masiero qui l'interprète également, avec une telle économie de gestes et de mots qu'on aura du mal à reconnaître en elle la comédienne facétieuse et volubile qui joue le "Capitaine Marbeau" dans une série policière éponyme.
Quand on sort de "La Consolation" de Cyril Mennegun, on est un peu dans le même état qu'Alexandre Guansé, le pianiste qui ne sait pas si tout ce qu'il a vécu dans cette maison isolée n'est pas une hallucination, un rêve éveillé.
On tient sans doute une explication à tout ce dispositif qui ne cesse de se nourrir d'un sentiment diffus d'irréalité : on se croirait au pays du Grand Meaulnes. Même l'enterrement, avec messe et cimetière, paraît sortir d'une nuit où la mélancolie pousse au morbide.
Aux accents de Schubert et de Schumann, Alexandre, à l'instar d' Augustin Meaulnes, découvre que cette mystérieuse maison sous les bois porte un grand secret : celui qui mène à l'amour infini.
On pourra évidemment s'ennuyer ferme, et sans paraître un rétrograde, vitupérer le film sur la minceur de son sujet et sa lenteur à vouloir le traiter. Mais les grandes peines nécessitent des longs métrages et Cyril Mennegun a eu raison d'avoir l'audace d'utiliser 80 minutes pour cette "Consolation", encore plus radicale et ascétique que les films d'Eugène Green. |