Réalisé par William Oldroyd. Grande-Bretagne. Drame. 1h29 (Sortie le 12 avril 2017). Avec Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton, Naomi Ackie, Christopher Fairbank, Golda Rosheuvel, Anton Palmer et Rebecca Manley.
Adapté par Alice Birch du roman de Nicolas Leskov, "La lady Macbeth du district de Mtsenk", "The Young Lady" de William Oldroyd déplace l'action du roman russe dans l'Angleterre profonde de la fin du dix neuvième siècle.
Roman dense, âpre, "Lady Macbeth du district de MtsenskMtsensk" est avant tout le portrait d'une jeune femme qui doit se battre pour conquérir sa liberté.
Pour sa première mise en scène de cinéma, William Oldroyd, jeune metteur en scène prometteur du théâtre anglais, et sa scénariste, elle-même dramaturge, n'ont pas trahi l'univers de Lerkov en ramenant sa "lady Macbeth" au pays de Shakespeare.
Ils l'ont sans doute rendu encore plus vénéneux en décidant de s'inspirer du cinéma de Carl T Dreyer. Ainsi, l'actrice principale qui joue Katherine, Florence Pugh, cache son feu sous la glace d'un puritanisme raffiné.
Les décors sont ascétiques et cette Angleterre stylisée reconstituée par Oldroyd n'a rien de riante ni de romantique. Cette Lady Macbeth semble vivre au Danemark austère de Dreyer et d'Hamlet. On y vit des passions amoureuses qui deviennent vite fatales et criminelles. Tout y est sombre et le vice suinte sous la feinte vertu.
Florence Pugh, à peine 20 ans, découverte dans "The Falling", porte le film sur ses épaules qui sont tout sauf frêles. Elle est glaçante de professionnalisme et paraît aussi sûre de son fait qu'une Isabelle Huppert après quarante ans devant les caméras et sur les planches.
Si l'on n'accepte pas à la tension extrême de ce film minimal, on conviendra au moins qu'une actrice y naît. On pourrait ajouter un metteur en scène aussi.
"The Young Lady" de William Oldroyd laisse une impression forte. On retiendra notamment la picturalité de la photo d'Ari Wagner, jeune directrice de la photographie australienne, qui compose une suite de tableaux qui peuvent rappeler des portraits austères flamands comme des toiles de Balthus.
Très formalisé, le film sait parfaitement maîtriser ses émotions. Néanmoins, il évite l'ascétisme pour l'ascétisme, comme il sait se priver des clins d'oeil à l'anglaise. C'est donc sans l'inévitable "second degré" britannique que William Oldroyd raconte le destin de Katherine, mal mariée, condamnée aux amours à la "Lady Chatterley", et dont la révolte et la vengeance seront sanglantes.
En entrant dans cet univers, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de commisérations pour ceux qui vont mourir plus vite que prévu. Ce qu'on y découvrira c'est un vrai moment de cinéma, comme on n'en voit rarement, et qu'il ne faut évidemment pas rater. |