Thundercat est là, tapi dans l’eau, prêt à nous sauter dessus. Mais son regard est étrange, presque surréaliste, en tout cas non dénué d’humour.
Rien de surprenant, le musicien promettait "un album empreint d'humour dans une période bien sombre". Il a dans son regard la folie que l’on retrouve dans sa musique. Car que l’on goûte ou non au hip-hop, à la musique soul ou au jazz, il est impossible de ne pas être emporté par cette tornade créatrice inventée par ce musicien, chanteur, bassiste (dans la droite ligne de Jaco Pastorius) auteur, producteur et compositeur de génie. Une potion de sorcière où mijote donc soul, une sorte de psychédélisme, hip-hop, soft-rock, pop 60’s, soul, jazz, funk cosmique et rock où Flying Lotus, Kamasi Washington, Kendrick Lamar, Wiz Khalifa, Pharrell Williams, Kenny Loggins et Michael McDonald ne sont pas très loin. Notamment pour redessiner les contours et inventer un futur possible de ces genres musicaux.
Un tourbillon de saveurs où domine un groove qui doit autant à une réelle virtuosité qu’à une certaine nonchalance, deux axes qui semblent si difficilement conciliables. Combien de tâcherons pour un Gil Evans, pour un Oscar Peterson ou encore pour un Gerry Mulligan ? Le cool, mais une attitude qui est loin d’être une simple posture. Derrière tout cela se cache une véritable capacité de création, absolument jouissive, qui n’est jamais gratuite.
Il y a de l’ambition dans ce Drunk, dans son envie de nous divertir déjà, mais également dans les mélodies feutrées, dans son approche rythmique et synthétique, dans sa dramaturgie, dans son traitement des lignes harmoniques (Stephen Bruner n’est pas bassiste pour rien) et dans la recherche de textures sonores. La composition (qui rappelle par sa frénésie également Zappa, oui rien que cela !) savante mais absolument accessible n’est forcément pas en reste, même si l’on regrettera le format un peu court de certains titres ne dépassant pas les deux minutes et laissant un petit gout d’inachevé (on est pas le pote à Flying Lotus pour rien…), comme si Stephen Bruner n’était pas allé toujours au bout de ses idées.
Et quand nous parlions de surréalisme dans le regard de Thundercat, il suffit de prêter attention aux paroles (sur ces envies de transformations en chat, sur ses insomnies, ses déboires avec l’alcool, sur les jeux vidéo, sa culture pop ou geek, sa dépression… même s'il est capable de politiser son propos comme sur "The Turn Down" où apparaît Pharrel Williams où il parle du mouvement Black Lives Matter) pour ne plus en douter ! Oui définitivement, que l’on goûte ou non au hip-hop, à la musique soul, au hip-hop ou au jazz (attention Drunk n’est pas un disque de jazz…), il est impossible de ne pas être emporté par cette tornade créatrice et d’aimer passionnément cet incroyable disque.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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