Réalisé par Nitzan Gilady. Israël. Drame. 1h22 (Sortie le 19 avril 2017). Avec Moran Rosenblatt, Assi Levy, Roy Assaf, Aviv Elkabeth, Aviva Ger, Ilan Hazan, Tomer Kapon et Oded Leopold.
C'est un Israël qu'on voit rarement sur un écran que décrit Nitzan Gilady dans son film "Wedding Doll".
On est au cœur du désert du Neguev, un Neguev dont on peut apprécier toute la beauté quand les personnages le contemplent des murs de la cité qu'ils habitent et qui a tout l'air de rassembler des constructions fonctionnelles ayant jailli dans les deux dernières décennies du 20ème siècle pour peupler ce coin perdu.
En plus de la singularité de l'endroit, Nitzan Gilady a choisi comme cadre à son histoire une entreprise de fabrication de papier-toilette. Lieu de conflit entre un père et un fils sur le moyen de développer cette affaire qui fait nécessairement face à une forte concurrence, cette fabrique emploie aussi Hagit, une jeune et belle déficiente mentale, prunelle des yeux et raison d'angoisser et de se battre de sa mère Sarah.
Avec ce contexte et ces personnages, on est certain de ne pas obtenir un film commun. C'est bien le cas de "Wedding Doll" de Nitzan Gilady qui va conter avec beaucoup d'humanité les rêves d'amour et de mariage d'Hagit, amoureuse du fils de son patron qui pourrait bien éprouver des sentiments lui aussi pour elle...
Jouée admirablement par Moran Rosenblatt, qui rend belle sa différence, elle n'est jamais ni grotesque ni tragique. Au contraire, Nitzan Gilady sait lui éviter toutes les scènes scabreuses et ne rend jamais voyeur son spectateur.
Cet éloge de la différence, qui ne nie pas toute la difficulté qu'il y a à la vivre, donne, comme "Pourvu qu'on m'aime" de Carlo Zonatti, sorti il y a quelques semaines, un point de vue moderne sur le handicap. Hagit comme Enea ne subit pas l'action, mais y participe. Elle veut vivre comme tout le monde et son entourage accepte de l'y aider, même si parfois il y a évidemment des ratés.
"Wedding Doll" de Nitzan Gilady est une œuvre sensible, mais qui s'autorise, eu égard à ce qu'il raconte, à des moments de drôlerie et de dérision. Moran Rosenblatt sait rendre vraiment touchante Hagit. Elle en fait un personnage complexe, à la fois poétique et plein de désir, qu'on gardera longtemps en mémoire. |