"J'ai deux amours, la Normandie et Paris, Olga et Marie-Thérèse... Entre autre..."
Une saison Picasso en Normandie à travers 4 lieux indissociables de cette période : Le Musée des Beaux-Arts, "Boisgeloup, l'atelier normand de Picasso", le Musée Le Secq des Tournelles, temple de la ferronnerie l’exposition "González / Picasso : une amitié de fer", le Musée de la Céramique, "Picasso sculptures céramiques" et le château de Boisgeloup, exceptionnellement ouvert au public.
Le 21 mars dernier s'est ouverte à Paris une exposition dédiée à Olga Picasso dont nous vous parlions très récemment dans Froggy'sDelight. Alors Picasso encore ? Oui Picasso encore ! Mais pas toujours comme cette année exceptionnelle à ne pas manquer ! Amateurs avertis ou visiteurs d'un été, vous allez avoir l'occasion d'apprendre de l'Artiste Picasso autant que de l'homme Pablo. Un lien à créer entre Paris et la Province, la Normandie à vol de pinceaux, c'est maintenant.
|
|
Marie-Thérèse Walter à Juan-les-Pins, Man Ray 1926 |
Picasso à Juan les Pins, Man Ray 1926 |
C'est effectivement en Normandie, plus précisément au Château de Boisgeloup près de Gisors acheté par Picasso en 1930, que le Maître installe son atelier secondaire et poursuit durant cinq années ses recherches esthétiques.
Il y pratique la sculpture avec plus de ferveur tant il semble possédé par l'amour qu'il porte secrètement à la jeune Marie-Thérèse Walter.
On ne compte plus les expositions dédiées au peintre espagnol, mais chose inédite, aucune n'avait encore été consacrée à cette période.
De nombreux musées se sont réunis pour ce projet hors normes afin de pouvoir présenter aux visiteurs près de deux cents objets d'arts et documents d'archives de cette période normande.
Le visiteur est tout d'abord amené à s'imprégner du contexte. Pousser un lourd rideau de velours bleu nuit et presque religieusement découvrir des images de Gisors à l'entrée de la guerre, muettes et bruyantes à la fois, ces films d'un quotidien bouleversé.
Puis nous voilà en 1966, Picasso sacralisé au Grand Palais a alors 85 ans. La sérénité admirative des commissaires d'exposition commentant le "modelé rugueux" des profils à la perfection grecque.
L'envie de contact avec les œuvres de Boisgeloup ayant été habillement suggérée, le montage prend fin sur une archive unique : Yves Montant déclamant de tout son génie "Le peintre, La Pomme et Picasso".
Retraversant la verrière centrale du musée des Beaux-Arts, l’œil ému retrouve la lumière. De l'autre côté, nous accueille impassible et parfaite, Marie-Thérèse aux multiples facettes.
Des dessins à l'érotisme mythologique puissants et délicats évoluant en dessins presque signalétiques du désir premier, l'objet de l'obsession aussi explicite que le trait de gravure de l'artiste.
Picasso nous apparaît comme l'artiste des contraires, cherchant dans tous les modes d'expression celui où il trouvera l'écho parfait à chacun de ses sentiments indicibles, tourmentés peut-être.
Les murs se succèdent, et des archives personnelles nous rapprochent de l'homme. Des photographies d'un si petit format qu'il faut comme de biens trop curieux admirateurs s'approcher du cadre.
Nous entrons alors dans l'intimité du jardin de Boisgeloup. Olga Picasso photographiée par Pablo lui-même.
Des moments rares, avec lesquels il est difficile de ne pas revenir sur ses pas afin de chercher un parallèle de date avec les œuvres de la passion cachée.
L'exposition s'achève et nous voudrions pouvoir pousser la porte de l'atelier qui a vu naitre tant de créativité, de diversité artistique.
Comme pour Claude Monet, Picasso aura créé son refuge neutre et silencieux sur la route de Gisors... à bonne distance de Paris.
En attendant, le billet de l'exposition est valable pour les trois musées de Rouen et peut être utilisé sur toute la période que dure cette saison Picasso en Normandie. |