Les choses qu'on ne peut dire à personne
(Tricatel) mai 2017
"Il me semble parfois être une étrange étoile. Disons, si tu veux, un quasar, ces étoiles difficiles à situer, aux signaux très énigmatiques et sur lesquelles toutes les hypothèses sont possibles." François Augiéras
"Nous vivons en son et lumière dans un piège de Formica"
Je te vois venir ami(e) lecteur(rice), tu vas crier à l’entourloupe, au fameux complot qui fait que les chroniqueurs de disques servent docilement la soupe aux artistes surtout quand ils sont importants, histoire de grappiller quelques disques, quelques entrées de concerts gratuites, voire même simplement par esprit de servilité. Nous t’avons parlé d’un disque génial et déjà deux titres sont passés ("Crescendo" (ma non troppo le crescendo… bref…) et "E l’ora dell’azione") et ce que tu as entendu tient plus, au mieux, de l’anecdotique que de l’exceptionnel.
Hé oui ami(e) lecteur(rice), il va falloir te montrer patient et attendre le troisième titre ("Le Zéphyr"), cela devrait aller, on ne pousse pas ta patience dans ses derniers retranchements de mélomane compulsif, pour te rendre compte qu’effectivement ce disque est vraiment très bon. Très bon car derrière la maîtrise de l’écriture musicale (avouons-le, c’est très bien composé) et la poésie mélancolique un rien Houellebecquienne (il n’y a pas de hasard) ressort toute la vulnérabilité de Bertrand Burgalat, toutes ces choses qu’on ne peut dire à personne. Toutes ces émotions, ces sentiments qui traversent les musiques.
Burgalat, c’est le musicien, producteur, patron de label, compositeur et chanteur Midas. C’est l’élégance, le dandysme, l’intelligence imperméable aux tendances. Et dans ce disque, c’est aussi un "Enfant sur la banquette arrière". Comme moi, comme toi. "Je suis la Défense une après-midi pâle, Les Jardins de Kandy en instance de divorce, L’échangeur de Bagnolet la nuit, les Mercuriales, le Cirque de la solitude, l’hiver en Corse".
C’est un homme qui offre ses doutes, ses questions, ses tristesses. Beaucoup de fantômes traversent ce disque. Lever le voile des vérités (sans être impudique), ne jamais compromettre les mystères, montrer la complexité du monde, attiser les envies. Quelque chose de l’ordre de l’intime. Les choses qu’on ne peut dire à personne est un disque littéraire, débordant de musiques synthétiques (19 titres) à l’instrumentation pléthorique donc forcément labyrinthique, à la fois direct et tortueux, violent, sombre, rond et léger, beau comme un tableau d’Emile Bernard.
Bertrand Burgalat laisse traîner sa voix avec une fausse négligence, un rubato tout en douceur jusqu’à "Un tombeau pour David Bowie", hommage instrumental presque impressionniste rappelant la période Berlinoise du chanteur Anglais, entraînant ce Les choses qu’on ne peut dire à personne vers d’éblouissants sommets.
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