VILLAGES, VILLAGES
Réalisé par Agnès Varda et JR. France. Road movie. 1h22 (Sortie le 28 juin 2017). Avec Agnès Varda et JR.
Qui a bien pu décréter que "Villages, Villages" était un documentaire ? Que nenni ! Il s'agit d'abord et avant tout d'une magnifique histoire d'amour.
Agnès Varda raconte avec pudeur que ce n'est qu'une histoire d'amour artistique mais personne ne la croira tant on ressent dans chaque regard la connivence qui la lie désormais à JR.
Tous deux se sont trouvés, comme une évidence. Ils appréciaient leurs travaux respectifs et se sont unis pour un projet qui n'a rien de conceptuel. Aller à la rencontrer de petites gens, dans les villages de France. Donner la parole à ceux qui n'ont pas voix au chapitre, les agriculteurs, les serveuses, les dockers, les anonymes, les rêveurs.
Vous aurez des larmes au bord des yeux du début à la fin de cette heure et demi d'humanisme avec un immense H. Vous aimerez ce que le film montre tout autant que ce qu'il sait taire. Vous fondrez comme guimauve au soleil face au ton naïf, enfantin et pourtant si profond de deux artistes à l'unisson.
Un chef d'oeuvre parce que porté par une ambition toute modeste tendant à mettre le sujet bien au-dessus de la forme et du style sans jamais les négliger.
CHERCHEZ LA FEMME
Réalisé par Sou Abadi. France. Comédie. 1h28 (Sortie le 28 juin 2017). Avec Félix Moati, Camélia Jordana, William Lebghil, Anne Alvaro, Carl Malapa, Oscar Copp, Laurent Delbecque et Oussama Kheddam.
Je ne m'attendais pas à un film aussi réussi et intelligent. J'imaginais une comédie sans saveur où le thème du voile serait traité un peu par-dessus la jambe. Il n'en est rien.
Le scénario de "Cherchez la femme" est très bien construit. Improbable comme celui d'une comédie où les quiproquos le disputent aux gags de situations. Improbable mais pourtant très crédible et terriblement juste, à bien y regarder.
Et ce n'est pas seulement l'aveuglement de l'intégrisme islamiste qui se trouve abordé mais plus largement la question de la différence, du respect d'autrui, des erreurs qu'il nous faut commettre pour mieux construire la suite.
Racisme ordinaire, endoctrinement, bêtise humaine et sociale, trouble sexuel... un feu d'artifice de considérations profondes qui ne disent par leur nom.
Le film n'est jamais lourd, n'a nul besoin de se montrer cinglant ou de moquer la religion islamique, bien au contraire. Et ne met pas en scène des personnages caricaturaux chez qui tout serait blanc ou noir. Tour à tour ils se trompent, prennent la mauvaise direction, s'écoutent parler puis parviennent à se remettre en question.
Un casting de jeunes talents emmené par une Camélia Jordana épatante, la maturité dont elle faisait déjà preuve sur ses disques éclate sur grand écran- rendra ce film culte.
Citons également une grande actrice ne s'épargnant rien pour servir le propos, Anne Alvaro, et une réalisatrice, Sou Abadi, qui possède toutes les qualités pour faire une belle carrière si les producteurs la soutiennent dans d'aussi brillantes entreprises.
EVERYTHING, EVERYTHING
Réalisé par Stella Meghie. Etats Unis. Drame. 1h36 (Sortie le 21 juin 2017). Avec Amandla Stenberg, Nick Robinson, Ana de la Reguera, Anika Noni Rose, Taylor Hickson, Danube R. Hermosillo, Farryn VanHumbeck et Robert Lawrenson.
Le plaisir inavouable et inavoué de mater un film pour ado... pourquoi se cacher, après tout ?
Lorsqu'ils sont réussis, ils possèdent en eux la fraicheur et surtout une pureté des sentiments que le cynisme et les épreuves de la vie auront vite fait d'anéantir:
Dans cette production-ci, quelques petites maladresses narratives gâchent un peu le plaisir, à se montrer trop prolixe quant au passé de cette jeune fille contrainte par la maladie à vivre enfermée dans une maison de verre. On comprend dès les premiers instants que sa mère a quelque chose à cacher:
On glosera sans doute sur ces deux tourtereaux trop lisses et leur amourette de printemps. Mais fort heureusement, même si un peu tardivement, un rebondissement comme on les aime, ceux qui pousse la jeunesse à la révolte oedipienne, viendra bouleverser la donne.
"Everything, everything" de Stella Meghie se révèlera alors plus intéressant que son esthétique et ses personnages chez qui rien ne dépasse, ne le laissait croire.
Vents d'Orage |