Seul en scène écrit par Marie-Magdeleine et Julien Marot, interprété par Marie-Madeleine dans une mise en scène de Julien Marot.
Chaque édition du Off d’Avignon apporte son lot de pépites. "G.R.A.I.N." par le Collectif Mmm fait indéniablement partie de la cuvée 2017.
Marie-Magdeleine, dont le personnage principal porte le même nom, réalise en une heure trente une performance digne des plus grands. Et c’est peu dire qu’elle rayonne dans un spectacle ahurissant de précision, d’énergie et d’émotion.
Poussant son vélo, Marie-Magdeleine débarque au "G.R.A.I.N." (Groupe de Réhabilitation Après un Internement ou N’importe) pour y animer un atelier théâtre. Et dès son arrivée, se trouve plongée dans le bain, accueillie par Sophie, la responsable qui lui présente le lieu et les particularités de chacun des patients. Avec une puissance de jeu phénoménale, une aisance à passer d’un personnage à l’autre sans perdre le spectateur en route, Marie-Magdeleine, après avoir triomphé avec "G.R.A.I.N." notamment dans des festivals comme Chalon dans la rue ou Aurillac, arrive à Avignon auréolée d’une belle réputation et forte d’une centaine de représentations pour embraser les spectateurs avignonnais.
Particulièrement bien dirigée par son acolyte Julien Marot avec qui elle a écrit à partir d’improvisations et de leur vécu ce spectacle étincelant, la comédienne se démultiplie pour offrir une galerie de personnages hauts en couleur et plus vrais que nature auxquels on s’attache peu à peu tant le texte (d’une construction redoutable) est bien écrit, abordant au passage un domaine rarement traité. Cet univers de bipolaires, dépressifs et autres schizophrènes nous livre toute son humanité et sa souffrance. Le spectacle dénonce la pression des lobbys pharmaceutiques et le peu de cas qu’on fait des individus au centre des protocoles. Passant du rire aux larmes, ménageant des moments tantôt drôles ou bouleversants, "G.R.A.I.N." est un très beau spectacle qu’on n’est pas prêt d’oublier. Réussir à garder le même niveau d’énergie tout au long de cette épopée aussi physique que poignante est proprement prodigieux. Et le petit grain de folie de Marie-Magdeleine nous touche au plus profond. Bravo ! |