Parfois, une chronique traîne sur un coin de bureau (virtuel), pendant des jours, des semaines, des mois. J’ai choisi de présenter Tails of lions sur un coup de tête, après avoir écouté les dix premières secondes du premier morceau, sans rien connaître d’Alex Clare. Puis une écoute prolongée m’a laissé… comment dire… entre deux eaux, mi-figue mi-raisin. J’ai donc laissé ce disque et cette chronique dans un coin comme on abandonne un jouet qu’on a adoré déballer mais avec lequel on arrive finalement pas à jouer. Et puis…
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Dès les premières secondes, ma première impression remonte. Le song-writing électronique de "Tell me what you need" fonctionne mais quelque chose dans les envolées électroniques me bloque. C’est avec "Get real" que j’arrive à m’installer dans cet univers dont j’arrive enfin à sentir la base. Oui, Alex Clare est un songwriter. Le genre de gars qu’on imagine avec sa guitare dans un lieu perdu au milieu de nulle part, avec un crayon et un vieux carnet sur lequel il couche se vision d’un monde plus ou moins perdu. Mais celui-là serait plus perdu dans un entrepôt désaffecté de l’east-end que dans une cabane au milieu des bois.
Car les chansons du londonien sont habillées d’une production qui puise dans une électro très pop, un son qui cherche clairement à se frayer un chemin vers le haut des charts, tout un gardant un pied dans l’univers indé. Un équilibre dur à trouver. Il y a quelque chose de la quête spirituelle derrière tout ça, comme un besoin de parler au plus grand nombre de quelque chose de profond, qui touche à l’intime.
Le mélange des instruments - basse, batterie, guitares - et des machines, synthés, est réussi. Les prouesses vocales du beau chanteur sont plutôt impressionnantes et le son, dense, lourd et rythmé est taillé pour démonter des stades - on sent une envie de puissance qui rappelle parfois un certain esprit des années 80. Il y a quelque chose de jouissif et on sent derrière tout ça le talent d’écriture d’Alex Clare.
Stop []
Malgré tout, cette chronique reste assez à l’image de ce que j’ai ressenti à la première écoute (ne dit-on pas que la première impression est souvent la bonne ?) : en demi-teinte. Si vous avez le goût des morceaux puissants teintés de soul, de rock (parfois hard dans les riffs), d’électro-pop et de basses lourdes, cet album est probablement pour vous. Sinon, allez tout de même y jeter un œil curieux car derrière une façade un peu trop démonstrative, clinquante, se cache une vraie sensibilité qui saura peut-être vous toucher.
Chez Froggy's on préfère les chanteurs peints en bleu que les présidents peints en orange. Mais comme on n'y peut rien, il ne reste qu'à attendre et lutter avec les moyens du bord: la culture. C'est parti pour le programme de la semaine.