Prenez un fait-divers très médiatisé, le vol de bijoux dont a été victime à Paris en 2016 une vedette people de télé-réalité américaine callipyge initiales KK mariée à un rappeur tout aussi célèbre perpétré par une équipe de vieux briscards sexagénaires et customisez quelque peu ces derniers.
Insérez quelques ratiocinations eudéliennes façon vieille mémère célinienne sur le rock, la télé, le gauchisme, la politique, la décadence, saupoudrez d'un zeste de syndrome du rétroviseur et vous obtenez "Les Panthères grises".
En effet, dans cet aimable opus signé par le musicien et chanteur, ex-leader de l'éphémère combo punk Asphalt Jungle, rock-critique et écrivain Patrick Eudeline, au gang de braqueurs originaux, qualifiés avec presque affection par la presse de "papys braqueurs" et de "pépés nickelés", travaillant à l'ancienne comme au temps du "bon vieux temps" sous la houlette de "Omar le vieux", et donc qui se sont fait "gauler" comme des bleus, se substitue un improbable trio de seniors.
Celui-ci se compose de Nadire, truand au petit pied "maqué" avec Mado tenancière d'un bistroquet à Pigalle resté dans son jus des années 50, et de deux t'chis plébéiens à la retraite, Guy et Didier, ex-rockers membres de The Moonshiners, qui après le fiasco de leur tentative de come-back qui a implosé en plein bal du mariage d'un petit-fils, descendent en pèlerinage à Paris où, dans les seventies, ils ont eu leur quart d'heure warholien au Golf Drouot.
Et un troisième personnage, quasiment en marge, Patrick, un petit-bourgeois gauchiste devenu prof qui a viré réac qui, s'il joue le trouble-fête, complète une modeste galerie avec laquelle Patrick Eudeline rend hommage aux vieux brigands et aux vieux rockers qu'il considère comme "des races condamnées par le progrès" et "des martyrs de l’évolution".
Désenchantement et nostalgie sont au rendez-vous car Patrick Eudeline, qui, passé le cap de la soixantaine, même s'il restent fidèle aux boots à talon d'un fournisseur agréé par la couronne britannique et aux Ray Ban aviateur de sa jeunesse, est un homme comme les autres. Le temps fait son oeuvre et il appartient bien à cette génération de panthères grises qui ressemblent davantage à des matous résignés. |