"Marseille sortie de la mer, avec ses poissons de roche, ses coquillages et l’iode,
Et ses mâts en pleine ville qui disputent les passants,
Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d’eau marine,
Le beau rendez-vous de vivants qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel." Jules Supervielle.
Les rapports ont toujours été très forts entre le pianiste Américain et la France et son public et inversement. Ce n’est pas un hasard si c’est un producteur Français, Jean-François Deiber via son label Birdology qui relancera sa carrière au début des années 90. Rien de surprenant alors qu’Ahmad Jamal rende hommage à ce pays qui l’a fait chevalier des arts et des lettres et plus particulièrement à la ville de Marseille, ville qu’il considère comme sa seconde maison. Bien sûr ici, point de caricature musicale mais un esprit et une évocation, avec une grande finesse, des milles couleurs, des milles visages, de l’histoire et du rythme (chapeau à Herlin Riley à la batterie) qui caractérisent la ville phocéenne et la Provence.
Nous retrouvons donc ici tout ce qui fait la pâte de celui qui se définit, à raison, comme un monument vivant, dépassant les simples frontières du jazz : un phrasé et un touché inimitable, des harmonies impressionnistes (fauvistes parfois même), des graves profonds, sa gestion des dynamiques (rythmiques hypnotiques…) et le dialogue resserré avec ces musiciens (Herlin Riley à la batterie donc mais aussi James Cammack à la contrebasse et Manolo Badrena (ex Weather Report) aux percussions section rythmique impeccablement implacable servant magnifiquement le propos du maître).
Son disque est construit autour de 3 versions : une instrumentale, une avec Abd Al Malik et l’autre avec Mina Agossi (les textes chantés étant d’Ahmad Jamal), du titre "Marseille", comme trois visions différentes de la ville auxquelles s’articule une version enlevée de "Autoumn Leaves" qui évite à la fois la redite et la fausse nouveauté, une belle relecture du célèbre gospel "Sometimes I Fell Like a Motherless Child" et trois autres titres (dont la belle balade "Pots en verre"). Une nouvelle pierre à une œuvre qui s’inscrira définitivement dans l’éternité…
Coup de froid sur le pays, tant en terme de météo que de politique. Réchauffons nos petits coeurs avec de la musique, des livres du théâtre et la MAG#90...
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