Hippopotamus
(BMG Rights Management) septembre 2017
Après 50 ans de carrière, le groupe s'est formé sous le nom de Halfnelson en 1968, les Sparks restent un groupe culte bien plus que populaire. S'ils ont vendu 800.000 exemplaires de leur 45 tours, produit par Georgio Moroder "When I'm With You" en 1980, et ont enregistré "Singing in the Shower" avec les Rita Misouko en 1988, ils restent mal identifiés par le grand public français, peut-être en raison d'un parcours de francs-tireurs de la pop baroque qui se sont peu souciés des modes. C'est plus à la production de leurs albums, qu'à leur écriture, qu'on pourra évaluer le cru d'une chanson extraite d'un de leur 21 précédents albums. D'ailleurs, Wikipédia s'y perd, classe le duo formé par les frères Mael dans la pop, la synthpop, le disco, le glam ou le rock.
Pourtant, on peut sans se tromper nommer bon nombre de groupes qu'ils ont influencés (Queen - Freddy baby, aurais-tu écrit "Bohemian Rhapsody" si ton groupe n'avait pas ouvert pour les Sparks au Marquee à Londres en décembre 1972 ? -, Of Montreal...), ou qui leur voue une grande admiration (Morrissey qui sélectionne "Arts & craft specular" comme une de ses références majeures sur l'album Under the Influence, Siouxsie ou Martin L. Gore, de Depeche Mode, qui reprennent respectivement "This town ain't big enough for both of us" et "Don't turn your back on mother earth", Faith No more qui se joint aux californiens frangins sur l'album Plagiarism, ou Franz Ferdinand qui crée le groupe éphémère FFS avec ses aînés et donne une poignée de concerts regroupant les deux formations). Autant dire que la face de la pop et du rock aurait certainement été un peu différente si les Sparks n'avaient pas amené leur contribution à la construction de ce grand schmilblick.
Il suffit de jeter un œil aux titres de cet Hippopotamus pour se rendre compte que les Sparks ont de nouvelles histoires à nous raconter : "Scandinavian design" ou le penchant d'une femme pour les meubles Ikea, "Wish you were fun" ou comment vivre avec une femme fantastique mais qui n'a pas d'humour, "When you're a french director" sur lequel Leos Carax parle et marmonne sur une bande-son mêlant effets électroniques absurdes et accordéons, ou "Hippopotamus", sorte de croisement entre "Le nougat" de Brigitte Fontaine pour les paroles surréalistes et les sautillements hystériques de They Might Be Giants pour la musique. Le choix des singles, que ce soit le théâtral "What The Hell Is It This Time ?" ou le loufoque "Edith Piaf (said it better than me)", sont des entrées en matière de choix pour aborder ce généreux album.
On ne peut pas clore cette chronique sans évoquer la pochette du disque, certainement une des plus belles de 2017, qui donne tout de suite envie d'acquérir l'objet en vinyle. Enfin, on espère que le groupe qui a accompagné les deux frères Mael lors de leur concert pour la BBC en mars dernier restera inchangé pour cette tournée. Essentiellement composé de membres des Mini Mansions de Los Angeles, les chansons du duo trouvaient un équilibre parfait entre énergie et la subtilité des versions studio.
Cette semaine, c'est le retour de la MARE AUX GRENOUILLES, vendredi soir à 21h en direct sur Twitch, c'est gratuit alors on compte sur vous ! D'ici là, voici le programme de la semaine. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !