Après le déluge de la veille, les Charrues se réveillent sous un timide soleil. L'air est chaud mais le vent et quelques gouttes intermittentes font craindre une nouvelle journée boueuse.
Toujours est-il que ce dernier jour de l'édition 2005 du festival commence très bien avec Florent Marchet et une chanson française sur les traces de Miossec et autres Dominique A.
Des paroles cyniques et une formation efficace pour des titres qui ne peuvent laisser indifférents.
Florent Marchet fait penser très fort à l'excellent, et trop rare, Erik Arnaud et enchérit même dans les similitudes en reprenant la lecture d'un extrait cru et violent de "Suspicious River" de Laura Kasischke subtilement mis en musique. Clou du spectacle, il termine avec une fabuleuse reprise de "Et Quand Bien Même" de Gainsbourg pour clore ce qui restera un des grand moments du festival.
Sur la scène Glenmor arrivent les touaregs les plus connus du monde, Tinariwen, vêtus de costumes traditionnels.
La bande joue un blues melé d'influences africaines (et vice-versa), idéal en ce début de journée.
Les costumes font le gros de spectacle, subjuguant autant les yeux des spectateurs que leurs oreilles. Etonnant toujours, le malicieux Nosfell, toujours aussi surprenant tant par ses petites présentations entre les chansons que par sa musique, indéfinissable.
Epaulé par son fidèle bassiste Pierre Le Bourgeois, Nosfell stupéfie le public par son jeu de guitare, ses mimiques et surtout sa voix, samplée, resamplée, tantôt haute et tantôt basse. Un véritable show étrange pour un étonnant personnage. Le soleil est toujours au dessus de la plaine quand Bernard Lavilliers entre sur scène sur des rythmes chaloupés.
Notre baroudeur national offre au public un grand voyage, passant de villes en îles et du Brésil à l'Afrique pour conter ses classiques carnets de voyages.
Du Lavilliers pur jus pour cette journée du dimanche classiquement très populaire. Dans le même registre familial, la moyenne d'âge du public de la scène Kerouac augmente nettement pour la prestation de Michel Delpech, dans un mélange de ses tubes planétaires et des morceaux de son dernier album.
Pendant ce temps sur la petite scène, ultime refuge des plus jeunes, se produisaient Ravi et Montgomery, deux groupes de rock efficaces, les premiers joliment habillées de tee shirts proclamant "Get The Party On" et les seconds, masqués ou habillés façon Professeur Tournesol derrière les guitares, claviers et autres machines electroniques.
Un véritable bol d'air, de jeunesse et de rock qui bouge sur cette scène décidement méprisée par les journalistes venus pourtant en nombre au festival.
Juste en face, en cette fin d'après midi arrive celui qu'une grande partie du public attendait. Tiken Jah Fakoly débarque tel un diable rouge, virevoltant sur la scène, pour chanter sa très bonne variété africaine sous les houras du public.
La basse fait trembler les structures et tous les musiciens s'accordent pour soutenir le rythme derrière le charismatique chanteur.
Malheureusement pas le temps de rester plus longtemps pour voir les très surestimés Franz Ferdinand ou l'excellent Blues Explosion, il faut déjà rentrer chez nous en gardant tous les bons souvenirs de cette édition fort intéressante des Vieilles Charrues.
Encore un succès pour le plus grand festival français avec ses 6 000 bénévoles et sa programmation éclectique de la chanson la plus populaire aux découvertes du terroir.
Ce ne sont pas les organisateurs, dithyrambiques sur le sujet, qui contrediront ce succès d'autant qu'ils préparent déjà l'édition 2006 avec une quatrième journée où Johnny Hallyday lui même s'offrira au public de Carhaix pour sa toute première prestation dans un festival d'été.
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