Comédie dramatique écrite et mise en scène par Manon Chircen, avec Louise Guillaume, Asja Nadjar, Maïa Foucault, Louise Chevillotte et Morgane Réal.

Toutes sont vêtues à l’identique de robes d’un rose très pâle, presque décoloré…

Tout commence par une chorégraphie envoûtante où elles s’expriment par signes dans une émotion contenue tandis que, derrière son pupitre, une étrange maîtresse de cérémonie à un micro semble diriger de haut cette petite équipe.

En une heure, ces six jeunes femmes décortiquent la féminité telle qu’elle existe aujourd’hui à travers l’image qu’en renvoie la télé ou la publicité, finissant même par la dicter.

A l’aide d’archives audio, d’images de spot publicitaires ou historiques servant à illustrer leur propos, elles dénoncent l’une après l’autre ce que les femmes subissent au quotidien, du harcèlement de rue à la violence conjugale.

Malgré un thème grave (les chiffres qu’elles énonceront des violences faites aux femmes sont à eux-seuls éloquents), "Morsure" écrit et mis en scène par Manon Chircen aborde le problème avec une vraie inventivité et un formidable sens de l’humour qui mettent encore mieux en relief le dysfonctionnement qui perdure depuis des siècles dans toutes les situations.

Avec dignité, concentration et un bel engagement, les comédiennes de ce spectacle, toutes formées au CNSAD, parviennent à capter l’attention du public à chaque minute grâce à leur talent et leur solidarité. Toutes ont trouvé leur place dans cette création avec des facettes différentes.

Ainsi on applaudira la justesse de Louise Guillaume (son personnage de petite fille est époustouflant), la fantaisie d’Asja Nadjar, la puissance de Maïa Foucault, la grâce de Louise Chevillotte, l’émotion de Morgane Réal ainsi que la maîtrise de Manon Chircen.

Toutes sont vraies et "Morsure", remarquable et émouvant, porté par ce collectif enthousiaste dont le bonheur de jouer fait plaisir à voir est donc une belle réussite qui nous enchante tout en passant son message essentiel. On leur souhaite le beau succès qu’elles méritent.