Réalisé par Olivier Peyon et Cyril Brody. France. Documentaire. 1h37 (Sortie le 4 octobre 2017).

Alors que le procès des complices présumés de Mohamed Merah s'ouvre cette semaine, la sortie de "Latifa, le cœur au combat" d'Olivier Peyon et Cyril Brody tombe à point.

Le portrait de cette mère courage exemplaire devrait susciter un grand intérêt car nul doute qu'elle sera présente pour veiller à la mémoire de son fils Imad, l'un des militaires assassinés par Mohamed Merah le 11 mars 2012 lors de sa dérive meurtrière.

Depuis cette date, Latifa Ibn Ziat, cette femme sur qui le plus grand des malheurs s'est abattu, la mort d'un fils qu'elle a porté et chéri, n'a de cesse de venir témoigner pour que cela n'arrive pas à d'autres mères.

Dans ce documentaire qui la suit dans toutes ses interventions, on est d'abord frappé par la vitalité et le charisme de Latifa qui prend inlassablement son bâton de pèlerin de la paix et de la fraternité pour raconter son histoire, frapper l'imagination des enfants des dits "quartiers difficiles" et contribuer à les empêcher de suivre une voie sans autre issue que le nihilisme et la mort.

"Latifa, le cœur du combat" d'Olivier Peyon et Cyril Brody est un extraordinaire voyage d'une femme comme les autres qui se trouve, par les circonstances que l'on sait, vivre désormais une existence de globe-trotter, de missionnaire et d'icône médiatique. On laisse au spectateur la surprise de découvrir qui elle va rencontrer et dans quels lieux symboliques elle va se retrouver.

Elle est désormais dans la "cour des grands", ceux qui peuvent un jour recevoir le Prix Nobel de la Paix...

Dès lors, on peut se demander si elle n'est déjà pas en campagne pour l'obtenir. Tout le passage où les deux cinéastes la filment en Israël et en Palestine est sidérant. Comment cette petite dame voilée franco-marocaine peut-elle croire qu'elle va, avec sa seule volonté de fer, régler soixante-dix ans de conflit israélo-arabe ?

Tous ses milliers de kilomètres parcourus, toutes ces photos prises avec tous les bien-pensants de la terre, tous ces discours lénifiants sur le pardon et le vivre-ensemble finissent par produire le résultat inverse de celui qu'elle doit vouloir sincèrement...

On se demande si elle n'est pas manipulée, si elle n'est pas là pour débiter le discours attendu – un peu comme l'alcoolique ou le mafieux repenti...

Bref, "Latifa, le cœur du combat" d'Olivier Peyon et Cyril Brody pose de nombreuses questions. D'abord celle de savoir si les cinéastes sont critiques ou pas de sa démarche, puisqu'ils fournissent beaucoup d'éléments pour l'être.

Puis surtout, on s'interrogera sur le sens d'un combat qui devient sinon un "business" tout au moins une "entreprise" porteuse d'avenir et de positions sociales inespérées pour une famille méritante issue de l'immigration...