Comédie dramatique de August Strindberg, mise en scène de Stuart Seide, avec Pierre Baux, Karin Palmieri et Helene Theunissen.
Grand classique d'Auguste Strindberg, "La Danse de mort" est peut-être son chef d'oeuvre. Comme toujours chez l'auteur suédois, l'histoire n'est qu'un prétexte pour fouiller profondément dans l'âme noire de ses personnages.
En l'occurrence, ils seront trois, enfermés dans leurs rancoeurs et dans une forteresse métaphorique où l'ordre militaire absurde et usant contribue à les détruire davantage.
Dans son adaptation littérale, Stuart Seide n'a pas oublié que Strinberg avait, un temps, penser appeler "Vampires" cette danse mortifère. On s'y mord autant qu'on s'y insulte et Jean Allibert, Pierre Baux et Hélène Theunissen ont un jeu très physique où sourd une colère qui peut, parfois, les emporter.
Dans un intérieur presque elliptique, où l'épée suspendue au mur attire l'attention et jouera un rôle majeur, un vieux couple en proie à l'usure et au ressentiment croit soudain pouvoir reprendre vie quand surgit une vieille connaissance qui va cristalliser leur haine... et prendre finalement sa place dans ce tourbillon fatal.
Telle que Stuart Seide l'a comprise, "la Danse de mort" d'Auguste Strindberg annonce "Huis clos". Austère et rigide, sa mise en scène ne tolère aucune fantaisie et ne laisse aucune latitude à ses acteurs.
L'atmosphère est étouffante, voire bourrative. Stuart Seide se refuse à dépasser le constat établi par Auguste Strindberg à tel point qu'on pourrait le trouve daté. Mais, même si la redingote militaire d'Edgar se rattache à l'époque de Strindberg, Alice, sa femme, est en pantalon vert et non dans l'ample robe qu'on attendrait pour faire époque.
Cette audace vestimentaire est une évidente ouverture vers la modernité que le texte porte. Stuart Seide manie ainsi les contraires et il faudra nécessairement les décoder si l'on ne veut pas passer à côté de cette version qui ne cherche pas à rendre Strindberg aimable. |