Parfois, les mots ont peu de poids lorsque l’on veut évoquer ce que l’on a ressenti à l’écoute d’un album d’une artiste que l’on connaissait de loin, d’un style de musique qui souvent me laissait de marbre. Melanie de Biasio est une artiste belgo-italienne qui jusqu’à présent ne m’avait jamais vraiment embarqué avec ses précédents albums. Assez hermétique aux chanteuses jazz, pas très connaisseur non plus de ce style musical, je ne m’interdis pas d’en écouter de temps en temps.
Avec Lilies, son dernier album, qui vient de sortir, Melanie de Biasio vient tout bouleverser dans ma tête. Et si en fait, j’étais passé au travers de ses précédents disques ? Et si peut-être, je n’étais pas si hermétique aux chanteuses jazz que je le pensais ? Où bien peut-être que tout simplement ce Lilies est un magnifique album qui me fait (re)découvrir cette artiste à l’univers particulier et au talent immense.
Le premier titre, "Your freedom is the end of me", est fabuleux avec ces petites notes de piano sur laquelle se pose la voix envoûtante de la chanteuse. L’émotion est à son paroxysme, une femme supplie son homme de revenir. Triste et touchant à la fois, d’une rare sensibilité, je vous laisse écouter cette petite merveille.
Pas simple ensuite de proposer des chansons au même niveau, Melanie de Biasio a fait le choix de placer la barre très haute avec son premier titre, elle prend le risque de perdre son auditeur. Sauf que, le reste de l’album, composé de huit autres titres, fait de nombreuses improvisations, enregistré en une seule prise, est aussi de toute beauté. Les rythmes diffèrent selon les titres mais sa voix se faufile avec facilité dans tous ces rythmes. Sa voix est loin d’être parfaite et c’est justement ce qui la rend touchante. Pas d’artifices pour la changer, on l’aime comme ca, elle est instrument et style à la fois.
Des titres entêtants comme "Gold Junkies", aux ambiances plus feutrées d’un piano voix comme "Lilies" et en passant par le très expérimental "And my heart Goes on" qui clôture l’album, Melanie de Biasio nous montre toute la palette de son talent avec son dernier disque. Apôtre de la musique minimaliste, elle réunit Nina Simone et Portishead sur le même disque, renvoie Agnes Obel dans les cordes et nous fait, et c’est bien là le plus important, chavirer dans un bonheur intense.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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