Monologue dramatique d'après un texte de Henry Naylor interprété par Lina El Arabi dans une mise en scène de Jérémie Lippmann.
Dans la pénombre, une silhouette s’avance. Vêtue d’une robe noire échancrée, la jeune femme vient raconter son destin. Celui de la petite paysanne kurde confrontée à la montée de Daech en Syrie et le siège de la petite ville de Kobané ces dernières années.
Alors que dans la ferme de son père, celui-ci lui a enseigné le maniement du fusil, elle qui veut faire du droit, Rehana finira par rejoindre un groupe de femmes combattantes dans la résistance.
"Mon Ange" c’est ainsi que l’appelait son père parti se battre dans les montagnes et qui lui enseigne qu’elle n’aura d’autre choix que de se battre elle aussi pour défendre sa liberté, lui inculquant ses théories inspirées par la nature.
La scénographie imposante de Jacques Gabel représentant une tonnelle occupant une grande part du plateau et la comédienne concentrée, judicieusement bien dirigée par Jérémie Lippmann et éclairée par Joël Hourbeigt, nous immergent sans efforts dans ce récit âpre et sombre où contraste sa lumineuse présence.
Droite, debout, les bras raides, Lina El Arabi avec aplomb et rage vient délivrer ce monologue fiévreux, brut et fort comme une course effrénée.
Totalement habitée dans cette descente aux enfers qu’elle retrace avec une puissance peu commune et des variations de tempo d’une maîtrise impressionnante, maintenant le même niveau sans faiblir à aucun moment, elle est exceptionnelle.
Sa performance admirable éblouit autant que le texte percutant et implacable d’Henry Naylor, remarquablement bien traduit par Adélaïde Pralon, laisse "groggy".
Incontestablement, une grande comédienne est née. Une expérience théâtrale intense à vivre. |