.Avec l'exposition "Les Forêts natales - Arts d'Afrique équatoriale atlantique", le Musée du Quai Branly propose
un panorama des principaux styles artistiques de la grande tradition sculpturale des peuples de la forêt de l'Afrique équatoriale atlantique.
Cette vaste et érudite monstration a été conçue sous le commissariat de Yves Le Fur, conservateur général et directeur du département du patrimoine et des collections dudit musée, qui a sélectionné trois centaines de pièces majeures et archétypales réalisées entre le 17ème et le début du 20ème siècle.
Celles-ci bénéficient de la superbe et fluide scénographie élaborée par l'Atelier Jean de Gastines architectes qui reprend l'essentiel de celle qui, en ces mêmes espaces, présidait à l'exposition "Picasso Primitif" qui s'est close en juillet 2017.
De la Guinée équatoriale au Congo, la sculpture des peuples de la forêt
La monstration, soutenue par un propos scientifique de recensement stylistique et de mesure de l'impact des échanges et emprunts liés aux nombreux mouvements migratoires intervenus dans cette région qui, cependant, n'ont pas affecté le continuum culturel, s'adresse sans réserve à l'amateur des arts premiers comme au visiteur néophyte.
En effet, elle constitue une véritable et exaltante odyssée dans un art statuaire qui se révèle tant d'une éblouissante créativité et d'une exceptionnelle originalité que paradoxal en raison d'une diversité se développant sous le signe d'une identité forte.
L'identité réside dans le fait qu'il s'agit d'une sculpture d'intercession avec le sacré qui se décline en deux types d'objets rituels aux fonctions différenciées : le culte des ancêtres, avec des statues liées au culte domestique qui constituent des reliquaires familiaux, et le masque dit "d'esprit" porté par des initiés dans différentes rituels et manifestations sociétales.
La diversité se manifeste par l'éventail stylistique de formes qui explique notamment la fascination et l'influence exercées par la puissance plastique de l'art africain sur l'art moderne et notamment le cubisme. Ainsi, dès la première salle, le visiteur sera impressionné par l'armée de statues d'ancêtres en pied en bois patiné, gardiens des reliquaires, des Fang.
Puis il sera saisi par la beauté des masques
masques-cimiers anthropozoomorphes des Kwelé, animistes croyant dans les esprits de la forêt, auxquels la couleur des pigments apposés sur le bois donner un aspect métallique.
Impressionnant est le défilé des oeuvres des Kota qui se distinguent par l'utilisation du métal apposé sur le bois tant pour les figures de reliquaires fixées au panier aux ossements, représentation stylisée d'une figure humaine qui serait celle de Janus tout comme leurs masques-heaumes polychromes de style expressionniste coiffé d'une crête de gorille ou décorés d'un motif peint évoquant le pelage de la panthère, deux animaux symbole de puissance.
Le contraste est évident avec les masques des Punu, présentés tels des bijoux dans une écrin noir. Croyant en un unique ancêtre féminin, équivalent de la déesse-mère, leur masque archétypal est un masque féminin de facture naturaliste, aux traits plus européens voire asiatiques qu'africains, enduit d'argile blanche.
Avec, et entre autres, les piliers de cases rituelles des Tsogo,
les grands masques polychromes couverts de fibres végétales des Aduma et
les boîtes-reliquaire anthropomorphes des MBede, de beaux sujets de réflexion sur l'art et le sacré.
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