Comédie écrite et mise en scène par Sylvia Bruyant, avec Brock, Sylvia Bruyant (ou Marion Champenois), Eva Dumont et Delry Guyon.
Fleurs à gogo : bouquets et couronnes, échantillons de bois pour les cercueils ; le tout dans un intérieur vieillot. Le décor est posé.
Entre funérarium, chambre froide et marbrerie, Madame Bémot dont le mari s’est absenté pour une durée indéterminée tient seul la boutique qui périclite, aidée de son fidèle employé, Jean.
Un autre Jean, souffreteux, vient lui aussi tous les jours pour préparer son enterrement sur mesure. Le trio sera bientôt rejoint par une jeune stagiaire rebelle, fille du banquier et sortant d’un établissement pénitentiaire pour mineurs. Voilà le point de départ de ce "Pompes Funèbres Bémot".
Après des spectacles d’une toute autre tonalité comme "L’Amante anglaise" ou "Le baiser de la veuve", la Compagnie Cavalcade se tourne vers la comédie avec ce boulevard jubilatoire sur un monde méconnu : celui des pompes funèbres. Et qui va en faire découvrir le quotidien. C’est rythmé, caustique, avec un humour qui rappelle Guy Foissy ou Jean-Michel Ribes et ça n’a pas de limite. Sylvia Bruyant pour sa première pièce signe de toute évidence une comédie destinée au succès avec des répliques prêtes à devenir cultes. Sylvia Bruyant en Madame Bémot mène le train à la baguette et compose un personnage raide et vachard, gardant en toutes circonstances l’image de marque de la maison : exigence et dignité. Elle forme un duo énergique avec Eva Dumont qui, avec aisance et un dynamisme constant, joue la stagiaire futée et délurée. Quant aux hommes, ils sont plus dans la sobriété. Brock joue de sa physionomie pour interpréter un employé pince sans rire à l’humour infaillible en quelques mimiques. Du grand art. Enfin, Delry Guyon qu’on avait vu jusque là dans des rôles plus affirmés voire âpres, compose ici un personnage vulnérable touchant, avec la tendresse et l’espièglerie d’un Bourvil. Il est formidable. La superbe musique de Stéphane Corbin, à la fois mystérieuse et entraînante, rythme le ballet incessant de ces quatre protagonistes dans ce manège qui s’emballe peu à peu par la venue inattendue de la dépouille d’une vedette de la chanson que la Maison Bémot va avoir l’honneur d’enterrer.
La mise en scène percutante et impeccable de Sylvia Bruyant, soutenue par les lumières judicieuses de Marc Cixous, donne à ce "Pompes Funèbres Bémot" une efficacité de tous les instants avec des scènes d’anthologie. Et tout se termine en apothéose dans un final dynamité et hilarant. Puis, comme dans tout bon vaudeville qui se respecte, c’est en chanson (version karaoké) que les comédiens prendront congé d’une salle conquise par cet humour noir assumé. Burlesque et mordant. |