Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Comment Igor a disparu
Théâtre 13/Jardin  (Paris)  novembre 2017

Comédie dramatique écrite et mise en scène par Jean Bechetoille, avec William Lebghil, Nadine Marcovici, Laurent Lévy, Alice Allwright, Guarani Feitosa et Romain Francisco.

C'est sur le terrain de la fantaisie et de l'absurde que Jean Bechetoille a décidé de faire ses premiers pas de metteur en scène.

Bien lui en a pris puisque le projet dont il est aussi l'auteur, "Comment Igor a disparu" a été choisi pour participer en 2017 au Concours des jeunes metteurs en scène du Théâtre 13 et que le jury de ce concours l'a distingué en en faisant son "Lauréat 2017".

Au centre de la scène, trône une table tout autour de laquelle se distribuent des ouvertures qui matérialisent elliptiquement des portes. Plusieurs personnes s'agitent car c'est un jour particulier : Igor, le fils de la maison revient après une longue absence...

Mais, raconter comme cela, on pourrait croire qu'il s'agit d'une entame de pièce fort banale... Alors que tout commence par une scène d'amour... sur la table entre la mère (Nadine Marcovici) et le père (Laurent Lévy), interrompue par l'arrivée d'un ami d'Igor, Luc (Guarani Feitosa). Le ton particulier et "anormal" du spectacle est alors donné quand la mère dit à Luc que si elle avait su que c'était lui, ils auraient poursuivi leur activité sexuelle...

Au fond, "Comment Igor a disparu" est plus l'histoire d'une réapparition ratée que d'une disparition pure et simple. Igor (William Lebghil) décrit la grande solitude dans laquelle il a vécu et il est assailli par le bavardage récurrent, l'accumulation de mots routiniers qui est censé signifier qu'autour de cette table centrale et de ses repas tous pareils le bonheur règne.

Pourtant, si l'on observe bien la scène, il y a quand même énormément de détails liminaires qui annoncent le "déjantage" progressif de cette famille heureuse reconstituée et même agrandie puisque Nicole (Alice Allwright), une "belle jeune femme", étudiante en danois occupe désormais la chambre d'Igor...

D'abord, il y a une accumulation terriblement bizarre d'os tout autour du plateau. Et puis, surtout, il y a la présence d'un "choeur" (Romain Francisco) qui ne semble guère troublé les uns et les autres, puisqu'il peut danser sur la sacré sainte table sans que cela n'étonne personne.

Frétillant et léger comme un papillon, aérien comme un lutin, il contribue au principe d'irréalité qui caractérise "Comme Igor a disparu". Tout ici devient peu à peu possible, la nudité comme la pluie d'os et les poursuites autour de la table avec un rouleau de papier d'aluminium déroulé...

Jean Bechetoille a certainement vu "Le charme discret de la bourgeoisie" de Luis Bunuel et les premiers films de François Ozon. Il a dû pratiquer Ionesco et Obaldia. Toutes ces influences nourrissent son texte et son travail scénique.

Son théâtre, nourri davantage d'action que de réflexion, part du postulat qu'un garçon éloigné de son milieu ne peut plus y reprendre sa place "comme avant". Ainsi, alors que les quatre autres perclus dans leur quotidien rejouent continuellement la même scène, Igor les contemple en fumant silencieusement, pète un câble, le rouleau Albal en main... Son nouveau départ est dès lors inévitable.

Le vrai titre devrait être "Comment Igor s'est estompé". William Lebghil sait subtilement décrire tous les états et les étapes de son retour. Observateur malheureux, incapable de se réintégrer, il tente pourtant avec Nicole un jeu amoureux qui l'épuise et le rend malade.

On pourrait aussi faire l'hypothèse qu'il a découvert ou assumé son homosexualité pendant son voyage et qu'il sait qu'il ne retrouvera jamais sa place dans la mécanique routinière de cette "maison du bonheur". Une place, qui, logiquement, sera prise par Luc, voire par le choeur.

Abandonné et détaché de tous, Igor n'aura même pas envie de voir les abeilles que son père élève et dont le miel promis se fait désiré... Partir, s'évanouir, être définitivement mort aux autres et à leur sexualité, voilà son destin irrémédiable.

"Comment Igor a disparu" a le grand mérite de la concision et de la brièveté. Jean Bechetoille donne à tous ses acteurs de belles choses à défendre, et l'on appréciera particulièrement Nadine Marcovici, la mère, rêvant d'un foyer idéal où les différentes générations copuleraient dans le bonheur apicole, alors qu'Alice Allwright, pleine de fraîcheur perverse, irradie de naturel dans le rôle de l'étudiante débordante d'appétit.

Bulle de savon qui ne se prend pas vraiment pour une énième critique de la cellule familiale petite-bourgeoise, "Comment Igor a disparu" a l'audace raisonnable et fera souvent sourire.

 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil

Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch
"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard
et toujours :
"Le carnajazz des animaux" de Dal Sasso Big Band"
"Deep in denial" de Down To The Wire
"Eden beach club" de Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce
"Ailleurs" de Lucie Folch
"Ultrasound" de Palace
quelques clips en vrac : Pales, Sweet Needles, Soviet Suprem, Mazingo
"Songez" de Sophie Cantier
"Bella faccia" de Terestesa
"Session de rattrapage #5", 26eme épisode de notre podcast Le Morceau Cach

Au théâtre

les nouveautés :
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille
"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
zt toujours :
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

et toujours :
"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz
"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle
"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
et toujours :
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=