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puce Des territoires (...d'une prison à l'autre)
Théâtre de la Bastille  (Paris)  novembre 2017

Comédie dramatique écrite et mise en scène par Baptiste Amann, avec Solal Bouloudnine, Nailia Harzoune, Yohann Pisiou, Samuel Réhault, Anne-Sophie Sterck, Lyn Thibault et Olivier Veillon.

"Des Territoires (… D'une prison l'autre...)" est le second volet d'un triptyque écrit et mis en scène par Baptiste Amann.

Le fait d'avoir raté le premier volet, écrit en 2013 et créé en 2016, ne semble pas un problème puisque le début du second résume l'argument en quelques répliques : quatre personnes d'une même famille étaient réunis dans un pavillon de banlieue, l'action se cristallisant sur la mort de leurs parents et sur l'avenir de la petite maison familiale.

Le second volet s’ouvre sur la deuxième journée de l'histoire. Juste après l'enterrement "baroque" de leurs deux parents, le quatuor est de retour dans le dit pavillon et découvre que deux membres de la cité HLM voisine s'y sont introduits alors que des bruits d'émeute résonnent...

Quand commence "Des Territoires", on a le sentiment de découvrir une famille assez caricaturale où chacun incarne un stéréotype : Hafiz (Solal Bouloudnine) est l'enfant adopté arabe ; Lyn (Lyn Thibault) est la sœur aînée un peu bon chic bon genre, mais qui s'occupe de son frère Benny (Olivier Veillon) handicapé moteur alors que l'autre frère Samuel (Samuel Réhault) paraît est un individualiste forcené bien dans l'époque.

Le sentiment manichéen est renforcé par la description des deux intrus, Lahcen (Naila Harzoune) et Moussa (Yohann Pisiou) qui ont tous les attributs "banlieues" : survêt, baskets et capuches... Pour couronner le tout, sac à doc sur les épaules (avec tente quetchua en prime), survient Louise Michel (Anne-Sophie Sterck) activiste anti centre commercial, elle aussi légèrement connotée en termes symboliques.

Mais l'intérêt de la démarche de Baptiste Amann est ailleurs puisque les mêmes acteurs se transforment en héros de la Commune, avec à leur tête Louise Michel (Anne-Sophie Sterck), la seule à surfer entre les deux époques.

On connaît ce principe, souvent employé ces derniers temps, notamment par Sylvain Creuzevault dans "Le Capital et son singe". Mais, ici, les images d'Épinal historiques ne sont pas les vieilles barbes de 1848. Ce sont les Communards, les révolutionnaires de 1871 les plus emblématiques de ces deux mois qui ébranlèrent Paris : Élysée Reclus, le géographe anarchiste ; Gustave Courbet, qu'on ne présente pas ; Théophile Ferré, le grand amour de Louise Michel, déjà citée, et sa sœur Marie.

Reste la flamboyante Elisabeth Dimitri, révolutionnaire russe envoyée par Marx pour suivre la Commune. C'est Naila Harzoune qui lui donne tout son panache et qui, au passage, joue aussi Lahore le jeune garçon en capuche. Sa performance est aussi extraordinaire que celles de ses partenaires. Car le travail scénique de Baptiste Amann est assez virtuose : le tumulte moderne et la fièvre révolutionnaire se succèdent sans cesse l'un et l'autre sans un couac, dans une dramaturgie de plus en plus haletante.

"Des Territoires" permettra au spectateur de se remémorer la page la plus sanglante de l'histoire parisienne moderne. Ces 20 à 30 000 morts laissés sur le pavé pour que la troisième république naisse bourgeoisement sans se soucier de la "canaille" populaire...

Allant d'une époque à l'autre, Baptiste Amann s'interroge avec souvent la feinte naïveté de la jeunesse, et une belle énergie dans les discours, sur la possibilité d'un futur autre que l'annonce de ces prisons et de ces répressions à venir. L'Histoire ne se répétera-t-elle pas ? Le sort de la "racaille" des banlieues en révolte, ne sera-t-il pas identique à celui de la "canaille" communarde ?

On pourra ne pas souscrire idéologiquement à ses propos, mais on restera admiratif devant tout ce qu'il sait charrier de matière en éruption. Tout n'est pas parfait, loin de là, mais tout est destiné à dire les choses importantes avec force et colère.

On attend avec impatience la résolution envisagée par Baptiste Amann et l'on est déjà entièrement convaincu que la dernière pièce de son puzzle plein de bruit et de fureur apportera la lumière de l'utopie à ce paysage de luttes intempestives et désespérées.

 

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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