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Théâtre de Verre  (Paris)  jeudi 26 octobre 2017

Mine de rien, voilà un bon quart de siècle qu’Ignatus a ajouté, discrètement mais sûrement, sa touche singulière à notre paysage musical : d’abord avec Les Objets, puis en solo, rare exemple de mix réussi entre esprit pop / rock et culture chanson – dans la lignée de ses héros Gainsbourg ou Bashung, qui ont prouvé que richesse textuelle n’excluait pas audace formelle et vice-versa. Quart de siècle, l’heure des bilans et des (r)évolutions : pour son nouvel album, il n’a pas voulu une énième collection de saison, mais un "projet" différent de tout ce qu’il avait déjà proposé, dans l’approche musicale comme dans le rapport entre studio et scène.

Première particularité : un groupe à géométrie rare et audacieuse, ajoutant à la base chanson-pop (lui-même aux claviers, Hervé Le Dorlot à la guitare) un musicien issu de la scène électroacoustique (Nicolas Losson) et un vidéaste-graphiste (Jérôme Clermont). Créer et faire évoluer un spectacle sur ces bases inédites, enregistrer en temps voulu lorsque le projet aurait trouvé sa cohérence. Voici deux ans qu’ils ont commencé à se produire ici et là, engrangeant des chansons et en excluant d’autres, à mesure que l’ensemble trouvait sa logique et qu’un album se dessinait. Paru à la rentrée 2017 en téléchargement gratuit (ou au prix de son choix) sur le site de La Souterraine, il sort finalement ces jours-ci – suite à l’afflux de belles critiques – en physique chez les disquaires. A dire vrai, on ne sait plus si E.POK est un groupe ou le projet du chanteur-jadis-connu-sous-le-nom-d’Ignatus… mais c’est assurément un disque où la mise en danger a payé : d’une richesse sonore inouïe, osant entre deux classiques couplet-refrain des rythmes électro bastonneurs, voire du spoken-word sur un accord – ambiances évolutives dont les vagues atmosphériques se gonflent, selon les plages, d’un spleen acousmatique plus ou moins tempétueux. Avec, marque de fabrique de l’auteur, des textes auscultant l’époque et l’intime avec autant d’ironie distanciée que de tendresse sous-jacente.

La salle du Théâtre de Verre, avec ses canapés et tapis confortables, ressemble plus à un lieu de "performances" qu’à une salle de concert. Ce 26 octobre, elle est pleine d’un public jeune et branché, attentif et réceptif, très féminin. Ignatus va d’un instrument à l’autre – clavier, guitare et même un mégaphone – maître du jeu mais partageant la créativité avec ses acolytes. Les musiciens semblent à portée de main, mais la mise en scène / mise en lumière recrée la distance nécessaire au spectacle : les projections commandées par Jérôme Clérmont sur un pupitre à l’arrière sculptent l’espace pour donner à chaque morceau une identité singulière, les images sophistiquées découpent ou encadrent les musiciens, scénographie mouvante en accord avec la multiplicité des ambiances et conférant à ces chansons-qui-n’en-sont-pas-tout-à-fait (ou plus seulement) des airs de tableaux textuels et sonores – impression d’ailleurs corroborée par un inédit divaguant fort à propos sur la peinture moderne et l’art contemporain.

Entre deux morceaux, Ignatus balance des haïkus poétiques désopilants, les musiciens continuent d’emplir les blancs, laissant peu d’espaces pour applaudir – lorsque l’occasion se présente, le public ne se fait pas prier. Sur les airs plus rythmés, le chanteur danse comme un forcené à l’évocation d’une boîte de nuit ("Florida") ou arpente la scène avec son mégaphone pour mimer l’aliénation de l’employé modèle ("Un travail"). Sur ces deux titres, la furie électro-clash, totalement addictive, nuit quelque peu aux nuances du texte. C’est la seule réserve à ce spectacle, court (1h, 10 morceaux) mais tellement intense qu’il nous remplit et qu’on n’a même pas l’idée de réclamer un rappel. "Le détroit de Béring" et "Corps et biens" sont de grandes chansons sur la dérive des sentiments / continents ; "Un travail" et "Florida" (quand on les comprend) de rares exemples de morceaux dansants et intelligents ; "Lire le matin" et "Dans l’eau" des paysages intérieurs, immobiles mais évocateurs ; "Epok" et "Dans la barbe de Dieu" d’acides allusions aux dérives religieuses. Et "Oiseau", peut-être la plus réussie du lot, une fable animalière pata ou métaphysique, où l’on ne sait plus s’il faut rire ou pleurer des malheurs du cochon ! Le tout singe notre époque sans avoir l’air d’y toucher, sur fond d’expérimentations subtiles d’où émergent malgré tout quelques grandes mélodies. Elitiste (dans le bon sens : vouloir le meilleur) et rassembleur. Mariage des contraires, comme d’illustres prédécesseurs. Le spectacle se jouera début 2018 dans une grande salle parisienne. Ne le manquez pas.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album [e.pok] de Ignatus
Ignatus en concert au Zèbre (7 décembre 2004)
L'interview de Ignatus (17 novembre 2004)

En savoir plus :
Le site officiel de Ignatus
Le Bandcamp de Ignatus
Le Soundcloud de Ignatus
Le Facebook de Ignatus


Nicolas Brulebois         
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# 19 mars 2023 : Motion de culture

Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.

Du côté de la musique :

"Your mother should know, Brad Mehldau plays the Beatles" de Brad Mehldau
"Soul tropical" de David Walters
"Embers" de Embers
"Le courage" de Julie Rey et Adrien Desse
"Nuit blanche" de Anodine
"Désequilibre" de Bilbao Kung Fu
"Elements" de Foehn
"La Sagrada" de Natalia Doco
"Red cloud" de Red Cloud
"Isla" de Simon Moullier
et toujours :
"Sound of Eymet" de Adrien Chicot
"O futuro é mais bonito" de Anna Setton
"Vertigo" de Bipolar Club
"W.A. Mozart : The prussian quartets" de Chiaroscuro Quartet
"Principia" de En Attendant Ana
"Charivari" de Marcel
"111" de One Shot
"A very big lunh" de Papanosh
"Brothers & Sisters" de Steve Mason
"Screamers" de Treponem Pal

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Dans la solitude des champs de coton" à l'Espace Cardin
"House" au Théâtre de la Colline
"Oeuvrer son cri" au Théâtre de la Cité Internationale
"Le silence et la peur" au Théâtre de la Colline
"Tom na Fazenda" au Théâtre Paris-Villette
"Petites histoires de la démesure" au Théâtre Les Déchargeurs
"Apocalipsync" au Théâtre du Rond- Point
"Weber à vif" à La Scala
"HPNS" au Théâtre La Reine Blanche
"Marée haute" au Théâtre Le Lucernaire
"Rémi Larrousse - Confidences d'un illusionniste" au Théâtre Le Lucernaire
"Opération Kortex" à La Folie Théâtre
"Patricia Lelouebec - Sauver le monde" au Théâtre Les Déchargeurs
"La Langue des Cygnes au Théâtre 71 à Malakoff
les reprises :
"Nagasaki" au 100ECS
"Maupassant, Octave et moi" au Théâtre de Poche-Montparnasse
"Maya, une voix" au Lavoir Moderne Parisien
"Al Atlal, chant pour ma mère" au Théâtre 14
et une sélection des autres spectacles à l'affiche

Expositions :

"Giovanni Bellini - Influences croisées" au Musée Jacquemart-André
dernière ligne droite pour :
"Capitales" à l'Hôtel de Ville de Paris
"Yves Klein intime" à l'Hôtel de Caumont
et les autres expositions à l'affiche

Lecture avec :

"Les nageurs de la nuit" de Tomasz Jedrowski
"Les grands ministres de Habsbourg" de Jean Paul Bled
"Le petit roi" de Mathieu Belezi
"Il ne doit jamais rien m'arriver" de Mathieu Persan
et toujours :
"Un paradis en enfer" de Rebecca Soinit
Rencontre avec Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Coven" de Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Les autres gens ne sont pas des gens comme nous" de J.M. Erre
"Le passager" de Cormac McCarthy
"La guerre sainte de Poutine" de Sébastien Boussois & Noé Morin

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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