S'il ne fallait désigner qu'une formation méritant de survivre à cette "new wave of rock'n roll" millésime 21ème siècle, le choix se porterait sans contestation possible sur les Von Bondies, quatuor mixte originaire de Detroit, Michigan (comment eût-il pu en être autrement ?) représentant une sorte d'alternative infernale aux combos éphémères à l'affiche du NME.

Malgré un son assez original, les références au passé sont omniprésentes convoquant l'esprit de Jeffrey Lee Pierce, la sauvagerie des Stooges et du MC5 ou assimilant à merveille les influences Motown (Motor City oblige).

Sur les planches, les Von Bondies jouent aux fossoyeurs de têtes d'affiche (comme lors de la première tournée des White Stripes en Europe en 2001 ou le 13 septembre 2002 à la Boule Noire pour un des concerts les plus explosifs de la capitale l'an passé) faisant systématiquement mouche que l'audience soit composée de néophytes ou de fans transis de The Music Machine. Entre Jason Stollsteimer, seul contre tous, fringues cintrés, Converse, cheveux tombant sur les yeux, Macie Bolen, hautaine, inaccessible, perchée sur ses talons, arborant des poses à la Poison Ivy, la délicate Carrie Smith à la basse et l'éternel batteur sixties aux yeux bridés (Don Blum), le visuel frise la perfection rock'n roll absolue.

Musicalement, le répertoire de "Lack Of Communication" exhale au centuple ses odeurs malsaines, sauvagement électriques et avant tout ouvertement sexuelles. Voilà pour le résumé succinct d'un concert des Von Bondies, que ce Raw & Rare retranscrit à merveille. Enregistré lors de deux sessions pour John Peel à la BBC en novembre 2001 et mai 2002, ce pirate de luxe brille par un son impeccable malgré le manque d'ambiance à l'intérieur du studio tranchant avec la transe habituelle des spectateurs.

Débutant tambour battant sur le meilleur de leur album ("Lack Of Communication", "Going Down", "The Sound Of Terror"), ce live se concentre ensuite sur de nouveaux morceaux du même tonneau ("Vacant As A Ghost", "Save My Life", "Take A Heart") sans oublier leur relecture de "Rock'n Roll Nurse" et son riff entêtant à la limite de l'orgasme auditif.

En qualité de bonus track, figurent deux titres captés à Detroit en juillet 2002, son crade, ambiance énorme, groupe survolté, le régal du bootlegger ... Les fans ultimes regretteront évidemment l'absence de "Please Please Man" avec Jack White au piano enregistré lors de la première session (plus franchement d'actualité depuis que Jack White a laissé Macie Bolen pour Renée Zellweger), les autres trouveront la confirmation ou la révélation du groupe rock actuellement le plus excitant.

"Tear down the Mona Lisa, put your picture on the wall' ou comment résumer ce que le rock n'aurait jamais dû cesser d'être.