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Interview  (Festival Les quatre Temps, Rouziers-de-Touraine)  samedi 11 novembre 2017

Au premier abord, on comprend mal de quoi il s’agit. L’image est illisible, presque psychédélique. Il faut regarder de plus près pour distinguer, parmi la masse bigarré, les corps coincés dans un bassin, des bouées de toutes les couleurs serrées autour de la taille. Cette étonnante photographie de Yann Arthus-Bertrand, le groupe Sapiens Sapiens en a fait la pochette de son dernier EP. Une formation musicale aussi détonante que cette photographie, que l’on découvre en concert à l’occasion du festival des Quatre Temps à Rouziers-de-Touraine.

Les deux membres du groupe, Gwendal et Doudou, nous ont accordé une demi-heure d’entretien dans les loges. Où il sera question de beaucoup de choses, un peu en vrac, mais surtout, bien sûr, de musique. Gwendal, c’est le clavier et les samples, Doudou, c’est d’abord la basse.

Pour commencer, pouvez-vous revenir sur l’histoire du groupe ?

Gwendal : Je faisais de la musique dans un groupe de reggae qui s’appelait Narayana. J’avais commencé en 1998. Et puis, après j’en étais venu à faire de l’électro-pop, et j’avais bien aimé le truc. On a fait un beau parcours avec ce groupe-là. On avait enregistré des disques et ça avait bien fonctionné. On avait notamment fait la première partie d’Iggy Pop à Saint Nolff, un festoche en Bretagne. Il y avait BB Brunes, Iggy pop, Dub Incorporation… On s’est séparé après ce festoche car ce n’était plus tenable pour les uns et pour les autres. Donc je suis arrivé ici, et j’ai commencé à faire ma musique tout seul. Et puis j’ai rencontré Doudou… sur des sites de rencontre [rires]. Sur Facebook, en fait.

Doudou : Moi j’étais musicien à Tours, déjà. J’ai commencé par le jazz, du blues, du ska-rock, punk-rock… J’ai fait plusieurs styles. J’ai écouté son projet, moi je n’étais pas trop électro. En plus, je n’avais jamais joué ça. Mais le contact s’est bien fait. On a tout simplement répété, puis joué. Et puis, cinq ans, comme ça.

Gwendal : On a commencé en quelle année ? En 2014 ?

Doudou : En 2012.

Gwendal : On était tranquilles. On a pas mal bossé à côté, moi j’ai un taf aussi qui me prend pas mal de temps. Du coup, c’est vraiment sur le temps de loisir. On a quand même pas mal avancé, parce qu’on a quand même cinq EP…

Doudou : là, c’est le quatrième qui va sortir.

Gwendal : l’autre, c’est des remix par des copains de Tours, des musiciens électro. Donc c’est nos morceaux, mais ce n’est pas vraiment de nous.

Vous percevez le fait qu’on vous remixe comme un honneur ou est-ce étrange ? La chanson doit vous paraître étrangère.

Gwendal : Oui, on la redécouvre. C’est marrant comme le cerveau fonctionne, il prend des choses différentes dans un morceau suivant l’individu ; du coup on voit comment fonctionnent les copains, quelles ont été leurs émotions, et ce n’est jamais la même chose. Sur cinq personnes qui ont remixé un morceau, aucune n’a gardé la même chose.

Est-ce que vous avez un album en préparation ?

Gwendal : Là, on a un disque en préparation, et un disque qui est difficile à faire accoucher, car on a eu quelques mésaventures, quelques soucis techniques. Donc je suis reparti voir un vieux copain à moi, qui est à Rezé, dans la banlieue de Nantes et qui a fait des albums pour Dominique A, Katerine… Et qui a plein de machines ! C’est un studio énorme. Il a accepté de travailler pour nous, pour faire notre dernier EP. On va avoir un truc sympa, c’est en train de se faire en ce moment.

Tous vos morceaux sont prêts.

Gwendal : Tout est prêt…

A ce moment, la plante en carton du décor, manifestement très émue à cette nouvelle, s’écroule sur nous avec un petit bruit mat. A l’enregistrement, on croirait que la forêt amazonienne entière nous est tombée dessus. S’ensuit un atelier rafistolage qui finit par une victoire de la plante.

Gwendal : … C’est en plein mixage. En fait, il est complètement fou des grosses machines. Ce sont des machines qui coûtent très cher, des vieux synthés des années 80. Les pistes que j’ai faites en logiciel, il va les repasser dans les vraies machines.

On va avoir un son analogique, qui sonne plus authentique, et qui finalement se marierait mieux avec la basse ?

Doudou : Pas toujours, ce n’est pas que analogique. Mais là, pour le coup, ça va l’être, repris par des amplis, repris par des micros. Mais ce n’est pas une obligation, on n’est pas obnubilés par l’analogique non plus.

Gwendal : On a voulu changer un peu de style, c’est un plus funky, un peu plus cool. Et donc là, c’était un passage obligatoire. Il y en a qui voulaient se tourner vers la tech, la hard-tech, tandis que nous, on voulait plus prendre l’angle funky.

Doudou : Cinq ans, quatre EP : chacun a une identité différente. Le premier est vraiment électro huit bits, le deuxième, Enjoy est un peu plus pop, pop-rock, électro-pop, et l’avant-dernier, Beastly Machines était plus axé sur le hip-hop / rap.

Vous voyez ce parcours comme une évolution.

Gwendal : Oui complètement. Le concept à la base du groupe, Sapiens Sapiens, l’homme intelligent, c’est l’observation des comportements humains. Sur chaque pochette d’EP on en a un rappel : sur le premier, une rangée de petits qui font du kung-fu ; le deuxième c’est une photo de famille où tout le monde se déteste mais ils posent tous en souriant ; puis les deux vieilles qui fument un cigare qui n’en ont rien à faire et pour le prochain, c’est une photo de Yann Arthus Bertrand où des chinois sont agglutinés avec leurs bouées colorées dans une piscine.

Ça fait très années 70, un peu psyché.

Gwendal : Oui totalement ! Il y a des couleurs dans tous les sens. On l’a appelé Sex On the Beach : ils sont tous les uns sur les autres et ça va dans tous les sens.

Il y a des gens qui viennent chanter dans vos morceaux ?

Gwendal : Pire que ça !

C’est des samples ?

Gwendal : C’est des samples. On a des invités de dingue. En guest-star, on a Beyoncé, il y a Snoop Dogg, Run-D.M.C... C’est l’éclate totale. En fait, on fait l’inverse de ce que font les rappeurs : ils chantent sur de la musique samplée, et nous, on fait de la musique et on sample le son rap. La plupart du temps. Parce maintenant, sur les cinq morceaux, il y en aura trois qui seront chantés vraiment.

Tu chantes aussi ?

Gwendal : Je chante aussi, mais je n’ai pas une voix extraordinaire, donc je la passe dans des vocodeurs, dans des filtres électroniques. Des trucs qui sont très utilisés.

Est-ce que vous allez avoir des invités sur l’album à paraître ?

Gwendal : En fait sur le dernier disque il y avait des invités : Kévin, qui était un scratcher, et puis un chanteur sur le dernier morceau que j’ai retravaillé et samplé après. Mais ce soir, il n’y aura que moi qui chanterai.

Donc Gwendal, sur scène, tu es derrière les machines ?

Gwendal : Oui. Je fais claviers, sampler, j’ai des petits effets, un MPC (c’est un sampler, très connu dans le rap. On le voit beaucoup dans les clips), j’avais des vieux orgues.

Doudou : Même une boîte à coudre avec des bruits. On ciblait de vieux instruments des années 70 au tout début, pour que ça fasse un peu cheap. Petit à petit, ça s’est évaporé, on est revenu à des trucs plus sérieux.

Est-ce qu’il y a une nostalgie d’une certaine musique ? Vous revenez vers des sons analogiques...

Gwendal : Ah oui ! Il y a clairement une nostalgie des années 70 qui est exprimée dans notre musique, une nostalgie aussi des années 90 sur le rap. Il y a un côté FM dans les années 80 qui est un peu moins notre tasse de thé. Dans les années 70, on était très dans la recherche.

Et 90, plus pour le côté hip-hop, rap.

Gwendal : Oui, 86-88, c’était l’époque où il commence à y avoir des sons rap.

Doudou : Beasty machines [le troisième EP] était très ancré là-dedans. C’est vrai que le premier EP était plutôt analogique, le dernier est quand même un peu tonique. Il va être un peu analogique, mais c’est quand même des bits.

Gwendal : On évolue, on a envie de parler de musique dans nos chansons, on parle de musique ; après, on a envie de parler d’amour, on parle d’amour… Le thème du prochain disque, c’est plus l’amour, en fin de compte. C’est plus une déclaration d’amour. Mais la forme musicale reste la même.

Doudou : On n’a pas une ampleur assez importante pour conceptualiser un album, faire comme ceci, comme cela. On pourrait. Vu qu’on n’est pas connus, pas produits ni rien, on peut se laisser aller aux envies du son.

Gwendal : C’est l’intérêt d’être indépendant. Le top, ce serait un album où il y aurait les quatre facettes des quatre EP, les quatre identités d’EP différentes (vieux sons, électro-pop, pas mal de guitare, du rap…). Mixer tout cela dans un album… Je pense que le premier album, il faudrait qu’il y ait ça. Quatre strates différentes, ce serait pas mal.

Doudou : Gwendal compose, moi je fais juste la partie scène. Je joue les basses des morceaux sur scène. Mais si j’ai des idées, Gwendal est ouvert, musicalement ou pas. Sur le visuel de l’album, j’avais dessiné le singe qui se transforme, avec une frise chronologique, et les quatre EP dans l’ordre.

Comment a pu être financé l’album ?

Gwendal : On est un petit groupe sur la scène nationale. En Touraine, région Centre, Vendée, Bretagne, ça fonctionne plutôt pas mal. Pour le disque, on a un copain qui fait de la promotion. Il va le donner aux magazines, aux radios. Pour le diffuser un maximum, on va le sortir en physique. C’est uniquement autoproduit : on produit nous-mêmes le disque, on paie l’enregistrement, on paie le mixage, on paie le mastering et la fabrication, et après, on démarche pour voir s’il y a des gens qui sont intéressés pour bosser avec nous. Et s’ils sont intéressés, ils injectent, et ça diffuse un peu plus. On fera ça pour celui-là, mais pour l’instant on n’a pas encore démarché, cherché spécialement. On est à la cool, on fait ça quand on peut, même si on le fait très sérieusement. Dès qu’on a le temps de le faire, on le fait.

Sapiens Sapiens, c’est venu comment comme nom ?

Doudou : Cela vient d’un jeu électronique qui devait être sur Atari.

Gwendal : On a même repris le logo de ce jeu ! Et puis je suis Vannetais et Yves Coppens est de Vannes.

[Petit blanc de notre part]

Gwendal : Yves Coppens, c’est celui qui a donné le nom de l’Homo Sapiens Sapiens, qui a découvert Lucy. C’est une sorte d’hommage.

En plus d’avoir rencontré un chouette groupe, on se couchera moins bêtes ce soir-là ! Merci à Gwendal et Doudou.

Après la fanfare du Colonel GRK et le rouleau compresseur Fatals Picards, il reste quelques irréductibles, malgré l’heure avancée pour écouter et se déhancher sur l’excellent set des Sapiens Sapiens : entre funk, rap et musique électronique, les deux musiciens survoltés donnent tout, et ça groove !

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Sex on the beach EP de Sapiens Sapiens

En savoir plus :
Le Bandcamp de Sapiens Sapiens
Le Soundcloud de Sapiens Sapiens
Le Facebook de Sapiens Sapiens

Crédits photos : Claire Vinson (retrouvez toute la série sur son Flickr)


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