Archibald est de retour ! Dès le premier album, Mon amour, ce petit garçon est devenu la mascotte de la bienveillance éducative. Aucune fausse note dans le texte, aucun jugement de valeur contre l’enfant, des mots rassurants qui l’aident à comprendre et à se comprendre (voir notamment la fameuse double page "je t’aime quand tu es contre moi (illustration d’un câlin) je t’aime quand tu es contre moi (illustration d’un accès de colère contre sa maman)"), des couleurs douces, un graphisme épuré. On a retrouvé tout cela avec délectation dans Ce que papa m’a dit, Petite sœur et de l’humour, en plus, dans Au lit !.
Depuis le 2 novembre, c’est dans Ce que j’aime vraiment que l’on retrouve Archibald. Cette fois, Astrid Desbordes et Pauline Martin traitent spécifiquement le sentiment de dévalorisation chez l’enfant. Le petit garçon perd un match de tennis, il a beau s’entraîner rien n’y fait, il est toujours moins bon que son adversaire. La dépréciation s’abat sur lui, on n’est pas loin du "je suis nul" maintes fois entendu, malheureusement, chez les enfants quand la réalité les confronte à leurs limites… Sa maman l’emmène alors se promener en forêt, profitant de l’occasion pour l’interroger sur la valeur de chaque être vivant. "Est-ce que tu crois qu’un oiseau n’est pas doué parce qu’il ne sait pas nager ?" "Est-ce que tu crois que ce papillon n’est pas doué parce qu’il ne sait pas chanter ?" Et délivrer le secret : nous ne sommes doués que pour ce qui nous passionne. Il y a du Maria Montessori, notamment, là-dessous ! Et du Nietzsche : "deviens ce que tu es" ! Archibald va donc s’interroger sur ce qu’il aime vraiment jusqu’au jour où il assiste à un concert de musique classique et qu’il trouve enfin ce qui l’enthousiaste et l’intéresse. Il deviendra pianiste, grâce aux encouragements de sa sœur et de ses parents "qui eux n’ont jamais douté".
Ce que j’aime vraiment est un album, une fois de plus, émouvant, qui plaira autant aux enfants qu’à leurs parents. Il est beau, son aspect épuré lui confère de l’importance et nous porte vers l’essentiel : nos enfants ne peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes qu’en étant passionné par ce qu’ils font. Laissons-les découvrir ce qu’ils aiment, guidons-les sans intervenir, n’imposons pas nos goûts ou nos projections, faisons-leur confiance ; autant de messages doux et sereins que nous confie ce très bel album. |