Pièces courtes de Jean-Claude Grumberg, mise en scène de scène de Jean-Louis Benoit, avec Philippe Duquesne, Nicole Max, Pierre Cuq, Stéphane Robles et Antony Cochin.
Jean-Louis Benoit a réuni quatre partitions courtes traitant d'une des thématiques récurrentes du dramaturge Jean-Claude Grumbert, celles de l'ostracisme, de la xénophobie et du racisme pour montrer, indique-t-il, "cette France obscure et honteuse où se réfugient nos monstres".
Bien qu'écrites dans les années 1960, ces saynètes de la bêtise ordinaire ressortant à la psychopathologie de la vie quotidienne plongent dans l'intime d'une famille de français moyen dont le "pater familias" s'avère le prototype du "beauf" prototypé par le dessinateur Cabu.
Ressortant à la tragi-comédie burlesque, les pièces présentées sous le titre "Les Autres", épinglent, avec une lucidité caustique, la misérabilité de la nature humaine et l'intolérance qui, de la haine de soi à la peur des autres, érigent ces derniers en bouc émissaire de toutes les frustrations et angoisses individuelles.
La mise en scène au fil du scalpel de Jean-Louis Benoit ne vise pas à la distanciation même s'il immerge les personnages à la mentalité et à la vie étriquées qui ne prêtent pas au rire, même noir, dans un décor constitué de cimaises monumentales modulables conçu par Jean Haas, en rupture avec celui prévisible du genre Deschiens.
Entouré de Nicole Max, Pierre Cuq, Stéphane Robles et Antony Cochin, et pivot des opus, Philippe Duquesne, magistral, prête sa physionomie débonnaire à l'homme confronté au regard des autres qui génère des situations ressenties comme humiliantes ("Michu"), au "français de souche" réactionnaire et violent face à l'altérité ("Les vacances", "Rixe") et au père indigne ("La vocation").
Ceux-ci n'ont rien perdu de leur acuité et, malgré le demi siècle écoulé, se révèlent d'une consternante contemporanéité. |