Troisième journée et le Red Bull se dilue tout compte fait très bien dans le sang. Deux heures de sommeil et un paquet de chips plus tard, nous voila de retour pour une nuit de concerts aussi électriques qu'un sèche-cheveux de Claude François. Action.
C'est sur l'Escenario fiberfib.com qu'arrive le duo acoustique des Kings of convenience.
Habitué aux petites salles aux ambiances intimistes on se demande tout d'abord s'ils ne se sont pas égarés sous le soleil espagnol.
Avec chacun une guitare et un piano à queue pour décor, les norvégiens Erlend Oye et Eirik Glambek Boe vont distiller une pop tranquille et classieuse.
La comparaison, bien qu'éculée, avec Simon et Garfunkel reste pourtant bien d'actualité, tant par leurs jeux d'harmonies vocales que par leurs arpèges très 60'.
Les mélodies vocales s'entrelacent au son des arpèges et les chansons s'écoulent fluidement telle une rivière se jetant dans un fjord (pas le yaourt !).
L'ensemble s'emballe même et le public bat le rythme des mains. Cependant un de nos musiciens montrera l'exemple et entraînera le public à plutôt claquer des doigts, ce qui correspond mieux, il est vrai, à leur style de musique.
A la moitié du concert les deux compères sont rejoints par le bassiste et le violoniste qui ont collaboré à Riot on a empty street. Même avec cet ajout, leur pop reste subtile et permet des envolées de corde qui accentue le côté très aérien de l'ensemble.
Au terme d'une heure, le duo aura conquis son public et apporté un peu un peu de douceur dans ce festival de brutes.
20H00 : Changement de décors. Aux antipodes des arpèges de Kings of convenience l'ambiance s'électrise un peu plus à chaque instant. Au programme, Kaiser Chiefs ! .
Composé de Ricky Wilson (vocales), Andrew White (guitare), Simon Rix (basse), Nick Baines (piano) et Nick Hodgson (batterie), la bande de Leeds s ‘échauffe derrière la scène.
De l'autre coté, c'est un peu à l'image d'un stade de football qui se remplit : les spectateurs prennent place et les plus fidèles sont déjà amassés devant la scène !
Ca y est, les 5 garçons font leur entrée sous les premiers applaudissements d'un public en grande majorité déjà acquis ! Pas de temps mort sur scène, ce soir ce n'est pas de la Britpop mais bel et bien du punk/art rock tel un mix entre Blur et Madness !!
L'explosion arrive lorsque Nick Baines entame les premières notes de "Everyday i love you less and less". Véritable boule d'énergie Ricky Wilson entame un magnifique "Oh my god"…(i can't believe !) qui offre un joli moment de communion avec le public.
Au final 1h15 de plaisir et d'émotions…
21h, The Raveonettes.
La musique des deux danois s'installe sur la scène principale au coucher du soleil. Esthétiquement au top, musicalement pas en reste, Sharin Foo et Sune Rose Wagner (avec des noms pareils déjà tout un programme…), crèvent l'écran avant même le premier accord.
Robe bleue très shabadabada pour Sharin Foo et guitares enfourchées, le concert débute pour le mieux et parvient à retranscrire l'ambiance 60' de l'album Pretty in Black. Atmosphérique sans être hautain, le duo joue un bon vieux rock & roll sur lequel n'aurait sans doute pas craché Phil Spector. Regrettons malgré tout l'absence de Moe Tucker et Ronnie Spector, invitées VIP du dernier album des Raveonettes…Mais l'essentiel est là, et l'occasion de voir un groupe nordique aussi torride est trop rare pour la bouder…
Voilà la tête d'affiche du samedi qui s'annonce. Dans ce festival qui se veut rassembleur pour ne pas dire consensuel, la sensation anglaise FM du moment s'appelle Keane.
Le trio (piano, batterie et chant) s'avance sur scène devant un public déjà prêt à entonner leur deux tubes "Somewhere only we know" et "Everybody's changing".
Ils sont là pour préparer la venue de leur deuxième album (qui se voudrait radicalement différent) et en jouent quelques morceaux. Le groupe a l'air satisfait de la réponse du public même si pour ma part je n'ai vu aucune différence d'avec leurs précédentes chansons.
Le chanteur avec son air poupon arpente la scène de long en large nerveusement, il y a comme qui dirait un décalage avec la musique. Le pianiste, seul instrumentiste de la scène (pardon au batteur) assure à lui seul l'accompagnement et se dandine furieusement sur son siège. Leur pop est faite pour plaire au plus grand nombre et le public répond présent en masse. Des briquets (ou téléphones portables, c'est ça la modernité !) s'allument, à la demande du chanteur, pour les ballades, le groupe tient son heure de gloire.
Enfin bon, au bout d'une heure quand même, je me résouds à jeter l'éponge (ou plutôt le carnet) et vais faire un tour.
>>> La conférence de presse de Keane
Changement de scène, changement de décor, here comes Ladytron.
Groupe indéfinissable, flirtant autant du coté de l'électro que de la pop, voire de la dark music…Ambiance tamisée pour les brunettes de Liverpool, qui, surfant sur le revival 80' , parviennent à remettre les synthés à l'honneur. Pas de vestes rose bonbon ni de permanentes laquées à l'horizon, on vous rassure. Juste la parfaite adéquation entre une électro minimaliste et un sens de la mélodie soutenu par des claviers pas synthétiques pour deux sous…
La majorité des titres de Light and magic sont joués ce soir avec une certaine rigueur très…allemande. Froid et rigoureux comme un hiver à Berlin, le set de Ladytron tarde à chauffer la foule. Il serait en effet plus facile de crier en masturbant un micro comme d'autres teutonnes.
N'empêche, la magie s'opère enfin sur "Blue jeans", puis "Play girl", et la foule se dresse. Il était temps. La tonalité batcave du concert fait son effet sur "Evil", permettant à Ladytron de prendre son envol malgré un jeu de scène relativement statique. Dur en effet de tout envoyer valdinguer lorsque les claviers régissent l'ensemble de votre concert…
Groupe à revoir et déguster à l'avenir de préférence dans une salle plus intimiste.
Groupe phare de la scène indé américaine dans les années 80/90 Lemonheads, trio mené par son chanteur/guitariste Evan Dando, se reforme et se produit sur L'escanario verde. Après 8 albums, leur collaboration s'était arrêtée en 1996 avec l'album Car button cloth .
Le groupe joue des chansons qui ont fait leur succès ("Confetti", "Into your arms", "Rudderless") mais également des chansons de Baby, I'm bored, l'album solo d'Evan Dando. Ce dernier armé d'une Gibson SG prodigue, devant le public présent en masse, un rock mélodique et énergique sans fioriture.
L'ensemble fait penser à du REM survolté et franc du collier façon Monster ou New Adventures in Hi-Fi. Le rock n'est toujours pas mort et les têtes de citron, démontrent brillamment, que loin d'être encore une pathétique reformation, qu'ils n'ont rien perdu de leur force et qu'ils peuvent encore en apprendre aux petits jeunes.
Au bout d'une heure s'excusant de ne plus avoir de morceau préparé avec le groupe mais voulant quand même prolonger le concert, Dando revient sur la scène seul guitare à la main pour nous interpréter quelques morceaux, dont une reprise de Gram Parsons, "$1000 Wedding".
!!! (Prononcez chik chik chik) pose, non sans humour, quelques interrogations. Annoncé comme la nouvelle coqueluche de la scène punk funk (appelons ce nouveau mouvement le pfunk…), !!! livre d'entrée de jeu un set agressif et nerveux, pour le plus grand bonheur de la gente masculine…
Amateur de finesse et d'arpèges à la Nick Drake, passes ton chemin. Un coup d'œil à la tenue du chanteur braillard résume bien l'affaire…T-shirt rose, short de foot bleu lagon et mocassins marrons…La nouvelle vague musicale secoue donc les concepts comme une lame de fond.
Des chansons comme "Hello? Is this thing on?" ou "Me and Giuliani down by the school yard" savent tout de même attraper le public au vol et se révèlent finalement très dansantes.
Considérés par certains comme the next big thing, !!! me laisse pour ma part sur ma faim, que je m'en vais de ce pas combler avec un kebab sauce très piquante…. Clou de la soirée pour les insomniaques, Radio 4 (ne pas confondre avec Gang of four, petits coquins..) clôture cette troisième journée en beauté avec un rock new-yorkais du meilleur goût.
Urgence et musique de pompier, pas de place pour les sentiments nostalgiques. Le meilleur de Stealing of a nation se joue ce soir sur la scène principale, devant près de 30 000 personnes qui dansent, qui dansent, qui dansent. Et se demandent si le hit "Dance to the underground" sera joué ce soir.
Oui, bien évidemment. "Cette chanson parle de notre ville" lance Antony Roman (bassiste et chanteur). La fatigue et le temps faisant leur affaire, on oublie de quelle chanson il s'agit, mais on comprend que Radio 4 aime New York, que c'est une jolie ville, qu'ils ont un joli parc avec des gens qui courent dedans et que jamais ils vivront ailleurs. New York c'est chouette comme un concert de Radio 4 tiens… Les plus fidèles d'entre vous auront constaté que Dinosaur Jr, présent à l'affiche ce soir, n'était pas chroniqué dans ces modestes lignes. Je répondrais, en mon âme et conscience, que ce groupe mythique, et donc usé jusqu'à la moelle, ressemble à s'y méprendre aux grands mammifères dont ils s'inspirent.
Lourds et lents, pas adaptés au monde nouveau, les dinosaures étaient voués à disparaître… |