Réalisé par Cecilia Atán et Valeria Pivato. Argentine/Chili. Drame. 1h18 (Sortie le 13 décembre 2017). Avec Paulina García et Claudio Rissi.
On pourrait qualifier "La Fiancée du désert" de Cecilia Atan et Valeria Pivato, premier long métrage des deux réalisatrices, de road-movie minimal.
Teresa est une femme d'une cinquantaine d'années qui vit depuis toujours à Buenos Aires, où elle au service d'une famille. Celle-ci s'en sépare sans véritable raison, à la mauvaise surprise de l'intéressée, contrainte de partir hors la capitale pour rejoindre une autre famille.
Durant le voyage, elle perd son sac et cherche à le retrouver. Cette quête la mènera vers San Juan, région centrale, zone frontière avec le Chili et surtout zone désertique et peu peuplée.
Peu de mots sortent de la bouche de Teresa, constamment effarée par le mauvais sort qui s'abat sur elle. Elle tombe sur un chauffeur routier fantasque, hâbleur, connu de tous les habitants de ce qui fut une colonie militaire au siècle passé, et où règne le culte de "Deolinda Correa", la défunte Correa, qui continuait à allaiter son enfant après sa mort.
Presque silencieuse, Teresa se reconstruit en découvrant que l'Argentine et la vie en général ne se réduit pas au cocon familial et à la cuisine où elle se croyait à sa place. Grâce à son compagnon, surnommé El Gringo, elle découvre des lieux et des personnages qui vivent ailleurs que dans les quelques villes où s'entassent la majorité de la population argentine.
On est ici aussi loin de Buenos Aires que de la pampa des gauchos. Entre chaleur et couleur, "La Fiancée du désert" de Cecilia Atan et Valeria Pivato est un film dépaysant, un film d'impressions, de sensations plus que d'actions et de réflexions. Il bénéficie de la présence vraiment radieuse de Paulina Garcia, que l'on a pu voir l'an passé dans "Brooklyn Village" d'Ira Sachs.
Par facilité, on pourrait le résumer comme étant un croisement lointain de "Paris Texas" et de "Bagdad Café", sans volonté esthétique et le simple désir de rendre grâce à ces femmes que la vie n'a pas gâté et qui se retrouvent à cinquante ans au croisement d'une existence qui peut basculer vers le cauchemar d'une vieillesse dans le dénuement total.
"Grâce" ou "à cause" de sa rencontre avec "El Gringo", cela ne devrait pas être le cas pour Teresa. "La Fiancée du désert" de Cecila Atan et Valeria Pivato est aussi une ode féministe, un féminisme plus elliptique que militant.
Presque "feel good movie" quand même, ce film délicat fait de son personnage fragile quelqu'un d'une grande force morale, qu'un peu de tendresse - qu'elle soit sincère ou pas - reconstruit.
Dans ce récit tout simple, le spectateur est le bienvenu et il ne regrettera sûrement pas d'avoir fait un bout du chemin chaotique de Teresa vers une nouvelle lumière intérieure. |