Conte écrit, mis en scène et joué par Philippe Caubère.
Voilà, avec "Le Casino de Namur", c'est la fin de Ferdinand Faure et de ses aventures contées par son alter ego Philippe Caubère...
On se doute qu'il sera difficile d'abandonner un mythe, de transformer en souvenir un ami si proche. Et comment sera cette fin annoncée par son créateur ? Une fin définitive ?
Ou une fausse fin laissant supposer soit clairement, soit en pointillé, qu'il y aura un "après", que cet "Adieu Ferdinand !" aura la couleur des "adieux perpétuels" à l'image de ceux de Maurice Chevalier ou de Charles Aznavour ?
On laissera les spectateurs découvrir comment Philippe Caubère a résolu les problèmes qu'il s'est créé en voulant mettre fin à son personnage.
Mais il faut prévenir que ce "Casino de Namur", horizon ultime qu'on n'atteint jamais, sera nécessairement un peu décevant après l'apothéose représentée par "Clémence" et son final consacré au "Camp de nudiste".
Déception forcément relative que l'auteur a su atténuer en ayant l'intelligence de ne pas enchaîner ce troisième volet (qu'il nomme, comme les autres, "conte") après les deux épisodes de "Clémence". Peut-être aussi que la Belgique n'était pas le terrain de jeu idéal pour le méridional Caubère.
Ici, on est dans le "Nord" que l'on a envie de prononcer comme le faisait son ami Michel Galabru dans "Bienvenue chez les ch'tis". En arrivant aux Pétieux, le domaine de la famille de son copain belge, des betteraviers belges, il est confronté à l'accent local, à l'outrance d'Outre-Quiévrain, qu'il maîtrise moins subtilement que les parlers marseillais.
Le ciel est bas, le texte répétitif, et le poulet à se partager quelque peu gros et gras. Et puis, la betterave est omni-présente. Quant au "Casino de Namur", il ne faudra pas s'attendre à en arpenter les tables de jeux...
Reste qu'un texte décevant de Philippe Caubère, ça vaut bien souvent mieux qu'un texte réussi d'un autre, car il en reste l'interprète, magistral. C'est donc sans hésiter qu'il faut venir assister à la fin des adieux de Ferdinand.
Surtout, que peu à peu, même si rien ne le laisse supposer, s'insinue dans le for intérieur de chaque spectateur, l'idée folle que Philippe Caubère ne pourra pas faire "mourir" Ferdinand dans la boue betteravière, qu'il a besoin d'un soleil radieux pour s'éteindre à jamais.
On n'est pas dans la tête de son créateur, mais on la connaît assez bien et l'on sait que si elle est dure et sinueuse, elle a une mémoire prodigieuse, un appétit d'ogre et qu'elle a mille histoires à conter encore et toujours. Du moins peut-on l'espérer... |