Comédie dramatique d'après un film de Billy Wilder, mise en scène de Franck Berthier, avec Francine Bergé, Marie-Christine Letort, Jean-Marie Galey, Magali Genoud et Arben Bajraktaraj.
Hollywood, Hollywood ! Usine à rêves et fantasmes, grand pourvoyeur de mélos modernes, de vies cabossées, de gloires d'un jour et de désastres de toujours, Hollywood n'a cessé de nourrir l'imaginaire humain.
Du spectateur lambda aux artistes les plus célèbres, tout le monde a été séduit, hypnotisé par la mythologie hollywoodienne.
Dans leur création collective, le metteur en scène Franck Berthier, et ces cinq comédiens inventent des saynètes, presque des tableaux, où chacun des acteurs va incarner un personnage hollywoodien.
Il y aura Sam Murray, le producteur (Arben Bajraktaraj), Max Von Shadows (Jean-Marie Galey), les actrices Lily Lawrence (Francine Bergé) et Stella Lester (Magali Genoud), l'échotière Hedda Hopper (Marie-Christine Letort).
Cette écriture à six voix a l'avantage de produire une pluralité de visions d'Hollywood. Tout se frôle et se confronte, se ressemble et se contredit fournissant finalement une image assez conforme à ce que cette "Babylone" moderne a été à son âge d’or mythique, entre apogée du muet et surgissement du scope et du technicolor.
On pourra discuter l'intérêt d'en revenir encore et encore à Hollywood et à ces clichés. Ce qu'on ne discutera pas, c'est la manière de les magnifier sur sur un plateau vide, dans un carré de bois surlequel pourront se refléter des images de film, et découpé par une structure mobile noire qui réduit parfois le champ saisi, à l'instar des différents formats cinématographiques.
En général, ce qui est présenté reflète bien Hollywood avec ses moments de grâce et de pureté dans un océan de luxe ostentatoire et de mauvais goût kitsch. Il y aura du glamour dérisoire, de l'émotion, des hauts et des bas, des choses qui élèvent l'âme et l'expression de la pire vulgarité.
Franck Berthier dit que "Sunset Boulevard" de Billy Wilder et "Opening Night" de John Cassavetes ont servi de point de départ au travail effectué par tous les protagonistes d'"Hollywood Boulevard".
Ce choix estimable les conduit sans doute à surjouer Hollywood, puisque les deux films cités étaient des visions très noires d'Hollywood et de Broadway. Le résultat obtenu aurait pu être différent s'ils s'étaient plutôt inspirés des "Ensorcelés" de Vincente Minnelli et d'"Eve" de Joseph L. Mankiewicz, réflexions plus centrées sur le système hollywoodien et moins axées sur les comédiens.
N'empêche que cet "Hollywood Boulevard" produit de belles images, des numéros d'acteurs souvent réussis et restitue un climat délétère où les parfums les plus capitaux avaient pour mission de cacher le fumet faisandé d'un monde où tout n'était qu'illusion et décor. |