Si comme l’explique Olivier Calmel le plaisir, le risque et le partage sont les enjeux de cette rencontre, il faut absolument rajouter que les émotions, l’énergie et les timbres sont également au cœur de ce superbe disque. Pour se donner les moyens d’arriver à ce résultat, le compositeur Français a travaillé à partir d’une instrumentation pas si fréquente que cela, soit une sorte de quatuor à cordes inversé, où il n’y aurait qu’un violon (Johan Renard), un alto (Frédéric Eymard) pour deux violoncelles - d’où le nom de l’ensemble - (Xavier Phillips et Clément Petit), une batterie (et des percussions) (Antoine Banville) et un piano (Olivier Calmel). Cet instrumentarium est la matière première idéale pour permettre à Calmel de déployer son écriture et de faire mouvoir autant que faire se peut les rapports de force entre les musiciens, l’harmonie, les mélodies, les rythmiques...
Continuer à donner du sens à une musique vivante entre musique de chambre et musiques improvisées (jazz...) où les frontières se brouillent, sculpter le sonore, voilà tout l’intérêt de ce disque à la subtile écriture ("Le hongrois déraille", "La générosité n’attend pas", "Immatériel", "La chambre rit", "Submergés", "Prélude des cinq rameaux"), mais nous n’en attendions pas moins de Calmel.
La richesse de ce disque se trouve dans la rencontre entre les musiciens, dans le rapport entre l’intimité de la musique de chambre, l’imaginaire des musiques de films et la force d’une musique jazz, dans le travail sur les timbres (le piano préparé, le traitement des cordes frottées...), dans les directions esthétiques et dans l’intelligence de l’écriture (tonale, modale, rythmes asymétriques). Une écriture que l’on sent très aboutie mais soumise à un vrai travail de groupe, chacun apportant sa pierre à l’édifice. Et que cet édifice est beau !
Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.