Pas toujours évident pour un auteur masculin que de se glisser dans la peau d’une femme pour analyser tous les ressorts du mensonge et le poids de la société. C’est pourtant ce que réalise avec brio Hervé Bel avec son dernier livre, La femme qui ment, publié aux éditions Les Escales.
Cette femme qui ment, c’est Sophie, la quarantaine, qui vit à Paris aux côtés d’Alain. Son quotidien, c’est le RER qu’elle prend tous les jours pour se rendre à la Défense, son lieu de travail. Dans son travail, elle doit être efficace, rapide, moderne et performante. Touchée par ses cadences infernales qui la poussent au bout d’un cycle, la faisant vieillir bien avant l’heure, acculée par son patron lui reprochant la mauvaise gestion d’un dossier, elle va choisir comme porte de sortie le mensonge. Son mensonge sera de dire qu’elle est enceinte. Ce mensonge, elle aimerait tant qu’il devienne réalité, elle qui, à 43 ans, voit ses espoirs de maternité se réduire avec le temps.
C’est alors le début d’un engrenage et d’un système de défense qui, au départ, allège son quotidien. Grisée, Sophie décide alors de mentir aussi à son tour à Alain. Lui laisser croire qu’elle attend un bébé en fera peut-être venir un pour de bon ?
Prise dans un étau, alors que son mensonge l’enserre peu à peu, Sophie voit son passé se déployer au travers de son enfance, de sa jeunesse en banlieue, au pied des tours de la Défense qui lentement surgissaient de terre, créant petit à petit les barreaux de sa future prison. A cela s’ajoute un autre mensonge, celui d’Alain que je vous laisse le soin de découvrir. Evidemment, la rencontre de ces deux mensonges va rendre la situation encore plus tendue qu’elle ne l’est déjà dans leur couple.
Hervé Bel, que je ne connaissais pas avant la lecture de ce livre, nous propose donc un livre superbement écrit sur une femme prisonnière de notre société moderne. De nombreux thèmes sont abordés, les contraintes au travail et la pression mise sur le salariat, la maternité (au cœur du livre), la crise du couple et la crise de la quarantaine, la peur de vieillir aussi, sans avoir eu d’enfants ici pour Sophie. Et évidemment en fil directeur de tout ça, le mensonge et les conséquences qui en découlent.
La femme qui ment est une très belle découverte que je vous conseille vivement de lire. |