Comédie d'après l'oeuvre éponyme de Pierre Corneille, mise en scène de Julia Vidit, avec Joris Avodo, Aurore Déon, Nathalie Kousnetzoff, Adil Laboudi, Barthélémy Meridjen, Lisa Pajon, Karine Pédurand et Jacques Pieiller.
La comédie "Le Menteur" savamment troussée par Pierre Corneille d'après l'opus "La Vérité suspecte" du dramaturge espagnol Juan Ruiz de Alarcón, référence qu'il a, au demeurant totalement assumé, se développe sur le mode de l'enchaînement de quiproquos provoqués par un Rastignac mythomane dans le cadre amoureux pour épingler l'hypocrisie sociale qui pousse tout à chacun, et pour des raisons diverses, à user du travestissement et du mensonge.
Et, comme le badinage marivaudien qu'elle annonce, cette comédie des erreurs s'avère grinçante par son dénouement en amer et moralisateur happy end de façade pour deux des principaux protagonistes.
Officiant dans le cadre mainstream de la recontextualisation à toutes les sauces des pièces du répertoire classique Julia Vidit a mis tous les atouts de son côtés pour que sa version, "reboutiquée" avec Guillaume Gayet, draine le public captif des matinées scolaires et les spectateurs adulescents alors même qu'ils en conservent la métrique classique.
En effet, le recours à une iconographie contemporaine avec les costumes hauts en couleurs "flashy" confectionnés par Valérie Richoux qui a puisé dans le vestiaire hip hop séduira ces derniers tout comme le jeu parodique, avec notamment abondance de liaisons "maltapropos", impulsé par Julia Vidit pour parer à l'écueil de la diction de l'alexandrin, que seuls évitent Jacques Pieiller, l'aîné-vétéran des comédiens jouant les pères, et Nathalie Kousnetzoff et Lisa Pajon investies des rôles ancillaires.
Ainsi le personnage-titre campé par Barthélémy Meridjen se répand dans les trémolos et les suraigus d'une voix de fausset et évoque, avec ses jeunes camarades, Karine Pédurand, Aurore Déon, Adil Laboudi et Joris Avodo, une brochette d'Anges de la téléréalité qui se colletteraient au Français.
Et ce qui s'avère plus impertinent - et jubilatoire - tient au parti pris scénographique avec le décor de Thibaut Fack qui se compose exclusivement, sur fond perdu orange, d'une immense structure mobile en miroirs, tel l'attraction foraine du palais des glaces, en ce qu'il révèle et soutient l'évidente charge comique contre la société du paraître et - surtout - la vacuité intellectuelle d'une certaine partie de la jeunesse actuelle hyperagitée et ridiculement narcissique.
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