20 ans déjà, 20 ans à peine qu’il écume les scènes d’ici et d’ailleurs au sein de projets divers et variés. Stéphane Balmino revient avec Contresens, de cette étrange sensation d’avancer à l’envers des autres, de cette étrange audace de ne pas suivre les moutons.
Accompagné de personnalités récentes ou d’amitiés plus anciennes, il a façonné cet album dans les déceptions ordinaires et les coins de table où le monde se sculpte avec les copains. David Suissa à la guitare, Alice Perret aux violons et claviers, Rémy Kapriélan le batteur et Raphaël Vallade le bassiste animent Contresens de couleurs chatoyantes et de vapeurs propices à l’évasion des sens.
Le premier titre de l’album, coup de plume dans les notes, ne se transige pas de simagrées inutiles, efficace, il plante le décor de Balmino : les tourments de l’âme inspirent le sage : "J’écris sur mes doutes, j’écris sur mes peines, j’écris sur la roue qui tourne et m’entraîne, je finirai mal ou je ne finirai pas, je veux pas qu’on m’aime, je veux qu’on me croie, j’écris sur mes doutes, j’écris sur mes peines" ("J’écris").
Sa voix est comme une ville en flamme, chaude et urgente. Le grain qui filtre les cordes vocales est comme le sable qui crisse sous les pas, il adhère aux tympans et se marie aux cordes subrepticement pincées. Balmino enroule sa voix aux notes et nous emmène dans ses tremblements de malheur et d’amour.
Balmino a les mots quand parfois les silences valent mieux que les méchancetés qu’on ne se dit pas : "Le bruit de nos silences est beau, le gris de nos immenses est bleu" ("Le bruit de nos silences"). Il remet au goût du jour les égards décentrés de son nombril : "Et dans un silence élégant, évidemment évidemment j‘apprends à t’écouter te taire, chacun son art et sa manière" ("Nos rues").
Balmino chante les lèvres pincées face et les yeux au ciel, sans ambages, il aime comme il respire et ne se résigne jamais. "La mort aux rats dans nos larynx, le squelette d’un chien qui fume, les fantômes de nos drôles de vies, tous les incendies qu’on allume". "Rendue au vent" pourrait être le triste constat de nos existences vouées à l’échec, alors qu’il est un hymne à l’humilité résidente dans les âmes des sages : "Le temps qui s’acharne à passer, à nous vider à nous remplir alors qu’il ne fait que passer".
Certes, la mélancolie et ses ombres mortifères sourde derrière les textes, mais leur finesse cache ce foutu espoir sans qui nous ne serions pas digne de nous réincarner en caillou. "Libérons-nous de ces couleuvres qu’on a trop souvent avalées, et qu’on vive enfin nos chefs d’œuvre comme on veut les imaginer" ("L’eau claire").
Quel talent que celui de savoir parler aux cœurs vrillés de cafards et aux corps lestés de chaînes. Et en valsant s’il vous plaît, camarades !
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.