Carrément plus Baloo-qui-se-balance-aux-branches que les-chants-de-coton-dans-mes-guitares, Hugh Coltman débarque dans le salon avec ses cuivres et ses cordes pour Who’s happy ?, direct from la Nouvelle Orléans, pas la misérable oubliée sous les ouragans, mais la flamboyante capitale du jazz en fourreau et gants blancs.
Et ça fait du bien. Après son hommage fort apprécié à Nat King Cole, Hugh Coltman vogue vers la Nouvelle Orléans avec une bande de musiciens et le guitariste et co-réalisateur de l’album : Freddy Koella. Et cette voix, ah cette voix, de la douceur du chocolat au caractère du piccalilli, c’est la passion aux quatre vents et la colère exprimée, à la fois le murmure et le cri.
Le jazz est sans frontière, c’est lui l’australopithèque du rock et du hip-hophop, le patient zéro de nos tristesses et le mâle alpha qui dirige nos cœurs vers la lumière. Le jazz, c’est un chant envoûtant et une musique rythmée de basses cardiaques. Le jazz parle à l’âme et à l’intrépide qui ne sommeille jamais bien loin. N’en déplaise aux concupiscents et aux cons, à tous ceux qui sans ces mots n’auraient pas de sens : le jazz n’est pas réservé à une classe en particulier, il louvoie entre les particules élémentaires des atomes.
Hugh Coltman l’a bien saisi et le transmet avec humilité en onze titres planants entre contemplation et dégustation. Presque pas complètement tout en anglais, l’album se fait swing pour la reprise de Charles Sheffield "It’s Your Voodoo Working" en brass band de cuivres et de percussions répondant aux cordes de la guitare blues.
Hugh Coltman susurre une vibrante déclaration à son fils dans "Little Big Man", tout en délicats pincements de cordes acoustiques et paroles sincères. Et c’est en compagnie de Mélissa Laveaux qu’il amorce un titre en français (presque pas tout) "Hand Me downs", à la mélodie de comptine furieusement accrocheuse.
Il semble que le jazz soit initialement conçu pour la danse, et Who’s Happy ? s’approprie le concept avec brio, passant d’un morceau taillé pour la biguine au soleil "Civvy Street", à l’élégants fox trot de "The Sinner". Certes, vous pouvez aussi danser sur le comptoir ou savourer les notes sous la couette, libre à vous d’interpréter le moment comme bon vous semble. Ce qui est certain, c’est que le dandy ne laisse pas indifférent.
Avec la mort de Lynch, c'est un pan entier de la pop culture qui disparait, comme ça, sans crier gare. Il reste de toute façon sa discographie qui n'a pas attendu sa mort pour être essentielle. Pour le reste, voici le sommaire. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !