Comédie dramatique de François Lis d’après une nouvelle de Pierre Dubois, mise en scène de Stéphanie Wurtz, avec Delphine Guillaud, Vincent Gaillard et François Lis.
Les lecteurs de Froggy's Delight ne l'ignorent plus : les pièces policières ont fait leur grand retour sur les scènes françaises et particulièrement parisiennes.
armi elles, quelques-unes ont pris pour cadre l'époque victorienne et les quartiers de Londres comme Whitechapel et lorgnent du côté du détective à la pipe et à la loupe, celui qui a pour compagnon le bon docteur Watson.
C'est dans cette ambiance sombre dans laquelle les criminels profitent du brouillard pour commettre leurs forfaits atroces que "L'Eventreur", texte de Pierre Dubois adapté pour les planches par François Lis, va se dérouler.
D'abord sans surprise ou, plutôt, avec comme surprise l'absence de surprise : comme on s'y attendait, c'est bien la litanie des exploits sanglants de Jack The Ripper qui sera décliner comme dans la chanson des "Dix petites catins" qui introduit le sujet.
as un crime ne sera oublié et c'est forcément Delphine Guillaud, la seule présence féminine sur scène, qui devra à chaque fois pousser son cri d'effroi avant d'être dépecé par celui qui inspirera bien des drames expressionnistes et des films de la Hammer.
Mais, dans l'alerte mise en scène de Stéphanie Wurz, les crimes de l'éventreur prennent rapidement un tour fantastique. Que cette version soit tirée des "Contes de crimes" du fameux elficologue Pierre Dubois, l'ami des lutins et des fées, en dit presque assez sur ce qui va subvenir pour subvertir le catalogue annoncé des prostituées éviscérées...
Attention ! Chaque spectateur signe un contrat moral en allant voir cet "Eventreur" peu commun : ne rien dire de la solution à laquelle les deux détectives sur le coup, C. Marmaduke Perthwee (François Lis) et Ackroyd (Vincent Gaillard), vont parvenir.
Pour inciter les curieux à venir frissonner dans un ailleurs où le crime n'empêche pas le rêve, on les prévient que la résolution sera étonnante, fantastique, voire poétique. On est loin des hypothèses annoncées ou inventées au cours des deux siècles pendant lesquels la légende de Jack n'a cessé de croître et d'embellir (ou plus exactement d'enlaidir).
Grâce à la belle voix de Delphine Guillaud, qu'on aurait aimé entendre davantage, au piano expert et à la musique en situation de Vincent Gaillard, ainsi qu'à l'emphase exaltée du narrateur François Lis, ce spectacle n'est pas un simple moment d'agréable distraction.
C'est une ode élégante au plaisir d'imaginer avec pour contrainte des crimes odieux comme on lit dans les faits divers et pour promesse l'immersion dans un monde meilleur où l'on ne doute pas de l'existence des fées. |